Il marchait quotidiennement avec sa femme sur la plage. Je l'avais abordé en décembre dernier, histoire de partager quelques idées sur l'érosion des berges Playa del Encuentro. Ne parlait ni français, ni anglais, ni espagnol. Un Russe. Barbu comme un pope. Sa femme, contrairement à la plupart des Occidentales, ne teignait pas ses cheveux. Il ne sut que balbutier quelques mots d'anglais dont le sens m'échappa. Je le saluai et continuai mon chemin, sans avoir jamais su s'il était de Moscou, de Saint-Petersbourg ou de Smolensk .
Hier, quinze heures, Miguel, le camarero du restaurant Chez Arsenio, est venu me chercher en catastrophe. On avait besoin d'un médecin sur le plage. Je ne reconnus point la dame aux cheveux blancs, qui peinait à respirer. Un corps gisait un peu plus loin. Mon Russe barbu. Il ne respirait plus, pas de pouls carotidien, pupilles en mydriase fixe. Venait de partir chez les morts avec Charon le nocher. Un quidam me susurra que ça faisait déjà quelque temps qu'on l'avait sorti de l'eau. L'ambulance arriva, le médecin de l'hôpital aussi. Il ne put que corroborer l'irréparable.Les deux Russes avaient lunché Chez Arsenio plus tôt. Ils étaient heureux.La mer était grosse hier à Encuentro. Les habitués ne se baignent jamais à cet endroit, où trois personnes se sont déjà noyées. Les vagues sont traîtresses, car le ressac vous emmène au large et vous vous épuisez à vouloir revenir sur la plage.La babouchka retrouva son souffle finalement. Elle s'amena près du corps de son mari. S'installa en ses deux jambes inertes et entreprit de le réanimer, malgré nous. Elle lui parlait en russe, évidemment. Il ne montra signe de vie.Elle ne tient qu'à un fil...Cl.
vendredi 27 janvier 2012
ELLE NE TIENT QU'À UN FIL...
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