J'appellerai mon patient Alexis, en souvenir d'Alexis Le Trotteur... Alexis, donc, est un vétéran de l'armée canadienne, étiqueté "Post-Traumatique".
-Alexis, l'infirmière m'a indiqué que vous prenez des médicaments pour un problème psychiatrique. Quel est votre diagnostic?
-Post-Traumatique!
-Seulement ces deux mots?
-C'est ce qu'on m'a dit.
C'est aussi ce que m'a corroboré son épouse:
-Il est «Post-Traumatique»
Durant mon séjour à la Commission des Lésions Professionnelles du Québec, j'avais eu l'opportunité d'étudier sommairement le «Syndrome de Stress Post-Traumatique». Alexis avait été déployé en Serbie quand il faisait partie des Forces Armées Canadiennes. Le syndrome était apparu à son retour.
L'Etat l'avait pensionné, conséquemment. Réactions dépressives itératives, troubles d'adaptation, médication chronique, allergie à la vie civile normale.
Alexis a soudainement décompensé hier, victime de pressions familiales. Il fallait rentrer le bois de chauffage pour l'hiver, c'est hier que ça devait se faire, ses parents n'en démordaient pas. Alexis filait mal, n'avait pas du tout l'intention de rentrer le bois de chauffage, d'où l'imbroglio.
Alexis s'en est sorti... en sortant de la maison par la porte d'en arrière et en se mettant à courir dans les champs derrière vers la forêt des environs! Voilà la famille qui court derrière Alexis, craignant pour sa survie, craignant le suicide. La poursuite a duré deux heures! A la fin, exténuée, la famille a appelé la Police Montée. Celle-ci s'est amenée en force et a tout de suite lâché son limier le plus futé : Rex, un berger allemand réputé pour sa pugnacité. Ainsi se termina la course folle d'Alexis Leblanc: on le retrouva couché dans la mousse automnale, le mollet droit pris en tenaille par la mâchoire du meilleur ami de l'homme!
Que fais-je dans cette galère? C'est moi qui ai recousu hier soir, entre minuit et trois heures du matin, les déchirures du mollet droit d'Alexis Leblanc. Je me suis dit tout ce temps-là qu'à Kedgwick, le 26 septembre, au milieu de nulle part, la réalité avait dépassé la fiction.
Delhorno
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