lundi 8 octobre 2012

ASCLÉPIOS ET SES ENFANTS

Chaque mot a son histoire...  Je te l'ai déjà écrit, Gibus.  Ecoute celle-ci!

La mythologie grecque ne m'a jamais passionné tant que ça.  Impression de gaspiller temps et énergies à la poursuite de fictions et élucubrations.  Il  fallut quand même assurer l'essentiel, Zeus, Poseidon, Charon, Hera, ce qui permettait de répondre aux questions d'examen du frère Pierre, de maître Clément-Jacques,  du frère Léandre et de l'abbé Angers.
C'est ainsi que le nom du dieu de la médecine s'intégra dans ma matière grise, quelque part entre 12 et 17 ans.  ASCLÉPIOS, ou ESCULAPE.  Il ne m'a plus jamais quitté!

ASCLÉPIOS donc.   Fils d'Apollon et de Coronis.  Auprès du centaure Chiron, Asklépios apprit, entre autres, l'art de guérir les plaies et les maladies.  Il devint si habile en médecine, que bientôt, son nom fut connu dans toute la Grèce et une foule de malades et de blessés venait se faire soigner.  Mais quand Asclépios arriva au point de ressusciter les morts, Zeus se fâcha et d'un trait de foudre il tua le fils d'Apollon.

Les Grecs vénéraient Asclépios, d'abord comme héros et, ensuite, à partir de la fin de l'époque classique, comme dieu.  On lui attribuait une femme, ÉPIONÈ, qui ne possédait pas d'histoire propre.  Leurs filles, HYGIE, IASO, ACÉSO et PANACÉE, devirent la personnification de concepts médicaux abstraits.  On lui donnait également deux fils, MACHAON et PODALIRIOS, qui prirent part à la guerre de Troie comme guerriers et médecins.


                                                    Asclépios et sa fille Hygie

Je vois déjà ton sourire ironique, Gibus.
-Quel est, Delhorno,  l'intérêt d'une telle énumération?  Et d'abord, où as-tu pêché cette poêlée de noms propres tout autant rébarbatifs qu'hétéroclites?

M'y voici Gibus.  Elle s'appelait Kelly.  Une blonde Athénienne.  Archéologue de formation.  Profession?  Guide touristique dans la cité de Périclès.  Car il n'y a pas assez de fric en Grèce pour faire «fouiller, creuser et déterrer» la totalité des archéologues qu'on y a formés...  Kelly était une érudite: je crois n'avoir pas perdu un mot de ce qu'elle nous expliquait dans un français impeccable.  Je lui suis redevable de m'avoir appris le prénom de la fille d'Asclépias: HYGIE,  d'où origine le mot HYGIÈNE.  Tout ça, c'était il y a plus de quinze ans maintenant, lors de mon tour de Grèce.  Kelly m'avait aussi appris l'origine du mot ÉGIDE:  c'est le nom du manteau d'Athéna, la déesse de la sagesse, la déesse tutélaire de la cité d'Athènes.  

Ce n'est cependant que ce matin, à soixante-huit ans,  que j'ai noté le mot PANACÉE dans l'énumération de la descendance d'ASCLÉPIOS.  Un fascicule intitulé «MYTHOLOGIE GRECQUE», écrit par l'archéologue grecque KATÉRINA SERVI et dont Kelly m'avait recommandé l'achat.

PANACÉE...  Fille d'Esculape, déesse qui prodigue aux hommes des remèdes extraits des plantes.  Le mot serait passé dans l'usage au Moyen-Âge.  Il s'est trouvé depuis une connotation ironique: «un objet, une idée, un concept qui semble être -ou que certains veulent faire passer pour- le remède à tous les maux

Ce n'est aussi que ce matin que me sont devenus signifiants les premiers vocables du serment d'Hippocrate:

«Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivants: ...»

Voilà où j'en voulais venir, cher Gibus.

Delhorno



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