Katakolon est un port minuscule du Péloponnèse qui eut son importance durant la Deuxième Grande Guerre. Il est devenu un hameau dont l'humilité contraste avec l'énormité des paquebots qui viennent s'y accoster. Habité par seulement quelques centaines de roseaux pensants. Plusieurs belles grandes plages peu fréquentées, plus au nord, m'a-t-on dit. L'intérêt majeur de Katacolon se situe une vingtaine de minutes plus loin: Olympie. Le site des jeux olympiques anciens. Les archéologues y ont mis à jour, il y a plusieurs années de cela, les vestiges du lieu sacré où, tous les quatre ans, les Grecs de l'univers connu -ils cessaient de s'entre-guerroyer- se réunissaient pour lutter, lancer, courir et fêter.
Marie-Hélène. Notre guide. Archéologue par surcroît. Six ans d'études universitaires. Guide touristique: une affaire sérieuse en Grèce. Car les blocs de pierre cachent dans leur désordre une longue histoire qui s'étale sur trois millénaires.
Elle nous montra les sites majeurs: le temple de Zeus, oui, celui des sept merveilles du monde antique; le temple de Hera; la palestre et le gymnase; les cinq anneaux qui, à cette époque, avaient été gravés dans la pierre pour célébrer un athlète cinq fois gagnant; l'endroit où, chaque quatre ans, on ravive la flamme des jeux de Coubertin; le stade, finalement, majestueux, d'une longueur de six cent pieds d'Hercule, le premier champion olympique.
Le moment vint de retourner au bateau. Cheminant en compagnie de Marie-Hélène, que je n'avais point délaissée de toute la visite, -car il faut côtoyer l'excellence lorsqu'elle se présente-, je lui demandai si elle faisait encore des recherches sur le terrain. Elle nous avait confié, en effet, qu'il y avait 800 sites archélogiques actifs en Grèce, ajoutant que l'argent manquait toujours pour poursuivre les fouilles. Elle me répondit que ses projets de recherche actuels consistaient à scruter certains textes anciens, une façon d'aiguiller les recherches sur le terrain.
-Vous devez sans doute lire le vieux grec?
-Effectivement.
Elle se mit à réciter les premiers vers de l'Iliade et de l'Odyssée.
-Avez-vous lu LA RETRAITE DES DIX MILLE, L'ANABASE? Le reportage célèbre de Xénophon?
Oui, elle l'avait lu...
Voilà. J'étais finalement en paix avec mon passé helléniste et mes vieux professeurs de grec ancien, Clément-Jacques, l'abbé Angers et l'abbé Villeneuve, lesquels m'avaient fait traduire certains passages de l'ANABASE, quand j'avais 14, 15 et 17 ans. Des heures sacrifiées sur ce petit bureau gris que Mutt avait retapé et repeint, pour faciliter mes études. Je n'avais jamais oublié. Plus personne, depuis, n'avait pu me parler de l'ANABASE, de XENOPHON, le premier des journalistes, des deux cris de la clameur grecque: THALASSA! THALASSA!
L'autobus s'arrêta sur l'artère principale d'Olympie. Il fallait encourager l'économie locale... J'allai, à proximité, siroter un café, tout à ma réflexion. Bon Dieu que le soleil de Zeus et Hera était bon!
Le village d'Olympie est un bled lui aussi. Ne s'est développé qu'à partir du moment où les archéologues ont mis à nu les pierres célèbres. Ne s'active que l'été, quand les touristes du monde entier s'amènent admirer ce qui reste de ce passé grandiose.
Delhorno
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