Le 17 novembre 2012. République Dominicaine. Playa del Encuentro. On y vient de partout s'adonner au «kitesurfing», c'est-à-dire «surf en cerf-volant». Communiquer? On peut toujours se débrouiller avec un peu de français et beaucoup d'anglais. Mais ça va toujours mieux quand on parle un peu d'espagnol.
«Cada una palabra tiene su historia...»
Hier soir et encore ce matin, j'ai dû employer le verbe COMPARTIR! Il m'est venu comme ça, sans que je n'aie à déployer beaucoup d'efforts, contrairement à d'autres situations où les équivalents espagnols de mes concepts tardent à sourdre de mon cerveau ou bien ne me viennent jamais. Mais dans ce cas-ci, je sais très bien pourquoi COMPARTIR m'est tombé du ciel si allègrement.
Alicante, Costa Blanca, Espana. Il y a de ça quelques années. J'avais suivi une session introductoire de langue espagnole que donnait l'Université du Québec à Chicoutimi sous l'égide du professeur Gleider Hernandez. Le cours culminait avec une immersion de quatre semaines à Alicante, sous l'égide de l'université de cette ville. J'étais du voyage!
Alicante fut à l'origine une colonie grecque, fondée quelques centaines d'années avant Jésus-Christ. Cela, je ne l'apprendrais que beaucoup plus tard.
Donc, un vol KLM Montréal-Amsterdam-Alicante. Atterrissage en début de soirée à Alicante. Tout un charivari... Il fait noir sur le stationnement de l'aéroport. Nous ignorons totalement quelle famille nous accueillera. On m'avait dit que j'irais chez une dame célibataire dans la trentaine. Je me rendis compte qu'à mon insu, j'avais été impliqué dans un échange! M'attendaient un minivan et trois jeunes adultes qui parlaient un drôle d'espagnol. J'apprendrai au cours du mois suivant que l'accent d'Alicante diffère de celui de Madrid. Le minivan m'amène donc chez ma logeuse, une chanteuse d'opéra uruguayenne dont le mari -il avait été son gérant par surcroît- est décédé quelques années auparavant. La diva est sans le sou. Donne quelques leçons de chant à une jeune Française qui demeure tout près de la frontière espagnole et se tape le voyage aller-retour une fois par semaine. Moi, j'avais pensé jouir d'une belle chambre avec un lit douillet et douche attenante... La Callas m'installa dans sa salle de musique dans un lit de camp qui me contenait à peine! Elle me fit à souper le soir-même et je conclus sur-le-champ qu'elle ne savait pas cuisiner. Je lui dis le surlendemain de ne plus me préparer de repas, que je mangerais désormais en ville. La douche commune était épouvantable. Sale comme une porcherie. Il me faudrait passer trois semaines dans cet appartement situé en dehors d'Alicante sur l'autoroute de Barcelone. Autre chose dont je m'aperçus bien vite: mon apprentissage de l'espagnol ne faisait pas partie des priorités de la diva. C'était mon fric qui l'intéressait, elle craignait que je la récuse. Dieu qu'elle trépigna de joie quand je lui annonçai quelques jours plus tard que je ferais tout mon stage chez elle!
Le lendemain de mon arrivée, j'avais rendez-vous à l'université, laquelle se trouve au nord de la ville à une dizaine de kilomètres du logement de la Callas. Celle-ci s'offrit donc à me conduire là-bas, à m'instruire des subtilités du système de transport en commun alicantinois. Sortis de l'ascenseur, nous abordons une jeune dame qui salue chaleureusement la cantatrice; ils se connaissent, il n'y a pas de doute là-dessus. Je ne comprends à peu près rien de ce qu'ils disent... Toutefois, la jeune dame parle plutôt lentement, ce qui me va tout à fait.
Elle emploie subitement le mot COMPARTIR à l'intérieur d'une maxime ou d'un proverbe et j'allume sur-le-champ. COMPARTIR, c'est partager! Voilà pourquoi je n'ai jamais oublié la palabra COMPARTIR!
PS: Ma logeuse originale, la trentenaire célibataire, était une lesbienne. Quand elle se vit «coincée» avec un quinquagénaire avancé, marié et père de trois enfants, elle réclama une «transaction» aux autorités. On lui adjugea une jeune étudiante de l'UQAC dont elle s'éprit! Elle alla jusqu'à lui emprunter ses soutien-gorge et quelques-uns de ses vêtements. Après quelques jours, la jeune étudiante dut changer de logis, c'était devenu intenable!
Delhorno
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