lundi 24 mai 2010

IL Y A DOLLARD ET DOLLAR...

Lundi 24 mai. C'est congé partout au Québec et au Canada. Le reste du monde travaille.

Du temps de ma jeunesse, cet avant-dernier lundi de mai, c'était la mémoire de Dollard Des-Ormeaux que nous fêtions. Le reste du Canada, lui, fêtait la Reine d'Angleterre.

Dollard, c'est celui qui est allé combattre les Iroquois au Long-Sault, sur la rivière des Outaouais. Au cours de la bataille, il se serait emparé d'un baril de poudre dont il a allumé la mèche et qu'il a essayé de balancer sur les attaquants par-dessus la «muraille» du fortin. Il aurait manqué son coup, et le baril, au lieu d'exploser chez l'ennemi, l'aurait fait chez les Français, causant leur défaite et leur départ chez le Grand Manitou. Les Iroquois vainqueurs, dépités par la mort d'un grand nombre des leurs dans la bataille, -je tiens de mon vieux professeur de grec, "Protagoras", l'expression UNE VICTOIRE A LA PYRRHUS- auraient abandonné leurs velléités d'attaquer et anéantir les petites colonies de Montréal et de Trois-Rivières. D'où la réputation de «Sauveur de la Colonie» faite à Dollard-Des-Ormeaux. Si ma mémoire ne m'a point trahi, si l'histoire québécoise n'a point changé, -car il y a des incertitudes quant aux motifs inavoués du sieur Des-Ormeaux- voilà l'essentiel de ce que mes maîtresses d'école m'ont enseigné à Saint-Edouard.

La Reine, on s'en foutait pas mal à Port-Alfred, et nous n'étions pas les seuls au Québec. Nous n'avons jamais compris pourquoi les Anglos tenaient tant à Elizabeth. Et encore aujourd'hui, cet attachement à la Couronne d'Angleterre est largement méprisé chez les pure-laines et les ceintures-fléchées.

Depuis 2002 , ce n'est plus Dollard qu'on célèbre au Québec. Ce sont les rebelles de 1838, recyclés en «Patriotes». Ceux qui les révèrent se retrouvent sur les bords du Richelieu pour fêter une autre défaite. Dans le fond, on peut bien fêter ce qu'on veut...

Mon point? Une minienquête rapportée par TVA aujourd'hui...
-Que fêtez-vous aujourd'hui?
-Pas grand'chose... C'est plutôt une chance de se retrouver en famille, avec les enfants.
-Et vous, que pensez-vous de cette fête?
-Pas grand'chose, ce sont les Patriotes que nous fêtons, et je pense qu'il vaut mieux fêter les Patriotes que fêter le «dollar»!

Le gars qui nous a pondu cette petite merveille le jour de la fête de Dollard Des-Ormeaux était un père de famille de près de 40 ans qui s'exprimait relativement bien, avec le plus grand sérieux du monde. Peux-tu imaginer, Gibus, ce que cet énergumène a compris de son apprentissage scolaire, les loufoqueries qu'il doit enseigner à ses enfants? Tu me diras qu'il ne l'a pas appris à l'école, que ses parents n'en ont point parlé à la maison, que cette génération-là a été oubliée, je veux bien, mais il ne suffisait que de lire un peu le journal, que de regarder un peu la télé, pour être au courant de ça.
Confondre Dollard et dollar, le troisième lundi de mai, il faut le faire! Moi, je ne comprends pas. A moins qu'à mon insu, il ait été un autre de nos humoristes de haute voltige...

Delhorno

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