samedi 18 octobre 2008

CONVALESCENCE

Je me répéterai un peu sans doute. Pardonne-moi, lecteur. C'est arrivé le 27 juillet dernier. Un dimanche matin. Mon vélo se cabra subitement. Il y avait une anfractuosité dans l'asphalte de la piste cyclable. Mon corps, mu par la force centrifuge, s'envola par-dessus la bécane: c'est ma hanche gauche qui absorba l'impact. Incapable de me relever. Une première dans ma vie jusqu'ici. Penser à l'outarde plombée, qui se voit tomber au sol, à l'orignal transperçé qui se demande pourquoi ... Fracture intertrochantérienne du fémur. Enclouage de la hanche le 3 août. Lit d'hôpital. Infirmières surchargées. Peinent à assurer l'essentiel. Chanceux d'avoir une femme qui m'aimât...

Deux mois à claudiquer d'un fauteuil à l'autre. N'ai à peu près rien manqué des olympiades pékinoises ni du US Open Tennis. Ai pu délaisser la marchette fin-août et les béquilles à la mi-septembre. Je fonctionne -c'est un bien grand mot!- avec une canne depuis, sans cesser de claudiquer. Suis à peu près bon à rien. Toute démarche que j'ose entreprendre est lente, longue et pénible.

Le pire, c'est la nuit. On est seul avec soi-même. On ne veut pas déranger. On dort mal, on a peine à bouger. Il faut se lever pour uriner. Sans compter que l'imagination divague, qu'elle pose des questions. Sans en esquiver aucune. L'aube tarde...

Le jour, ça va mieux. Déjeuner, ablutions, jasette avec la conjointe. Conjointe. Voici un vocable qui n'était pas coutumier, il y a vingt ans... Quelques amis. Téléphones des enfants. Mais on se sent toujours inutile... C'est ça, la convalescence, c'est ne rien faire, se demander quand on pourra faire quelque chose. Si on pourra, finalement, réussir à faire quelque chose. Quand on va cesser de boîter. Un été perdu. Un automne amputé. Le golf, qui allait mieux. Un remplacement à Campbellton, qui a dû être annulé. Honoraires, sur lesquels j'avais compté. Car il faut compter! Même quand on est invalide.

Une vie en marge, quoi! Un bout de vie. Sur une voie de garage. Ce sera sans doute ainsi, à la fin. Et si cette fin, c'était déjà elle?

Delhorno

Aucun commentaire: