samedi 24 décembre 2011

24 DÉCEMBRE

Moi, c'est à ma mère que je pense.  Sans elle, Noël n'aurait pas existé.  Elle avait passé tout le mois de décembre à courir un peu partout: les cadeaux, les épiceries, préparer ses desserts, la sauce à spaghetti, la grosse dinde, la sauce aux atocas, le boeuf bourguignon, les beignes, les pâtés de viande, le ménage, les enfants, leurs examens, leurs problèmes,  ceux de Mutt, sans compter l'arbre de Noël,  la crèche et la parenté.


Le 24 décembre, elle s'affairait sans relâche pour que tout soit prêt à temps.  Elle avait de la broue dans le toupette toute la journée.  Mutt ne levait pas le petit doigt, si je me rappelle bien.  Moi non plus, d'ailleurs.  Je n'ai jamais offert à ma mère de l'aider... et je le regrette.  Pas même la vaisselle.  Et nous n'avions pas de lave-vaisselle dans le temps que je vous parle.  Moi, je gérais mon temps libre: du ski peut-être, ou encore du patin et du hockey, ou jouer aux cartes, et mes trois repas par jour.


Tout serait prêt à temps, oui!  Les bains, les habits des enfants, le souper, le ménage et même sa toilette à elle, à la dernière minute, il est vrai, son maquillage, ses bijoux.  Nous irions à la messe de minuit.  Quelquefois, elle n'irait pas, prétextant relaxer un peu, dans la solitude du salon ou ne pas s'éloigner de ce qui se tramait dans le fourneau du poêle.  Nous arriverions de l'église St-Edouard ou du collège vers 1h30 et la fête commencerait.  Sauf la fois que...  DD servirait les trois messes de l'abbé Antoni et n'arriverait qu'à trois heures du matin.  Cette fois-là, je ne l'ai pas oublié, maman perdrait sa contenance.


Débarrassés de nos accoutrements hivernaux, nous nous regrouperions dans le salon, autour de Mutt et de maman.  Le sapin de Noël trônait dans le coin de l'oncle Fernand, entouré de dizaines de paquets multicolores.  J'ai toujours eu de beaux cadeaux: des skis, des disques, des livres, d'autres skis, des bottes de ski.  Maman faisait des pieds et des mains pour me trouver LE CADEAU.  Cette année-là, je lui avais mentionné ces deux disques de Sydney Béchet, dans lesquels il racontait des bribes de sa vie trépidante en jouant ses meilleurs morceaux.  Elle était allée à Chicoutimi, chez l'unique disquaire que nous avions dans la région, lequel avait fait venir l'album de Paris.  


Ce serait ensuite le réveillon et ses classiques: des sandwiches décroutés, des pâtés de viande, des poires farcies, la salade au poulet, les ketchups et...  finalement, les desserts, plusieurs sortes, les spécialités de grand-maman Chantal.  Les vins de France, rouges et blancs, étaient d'illustres inconnus alors.  Nous nous coucherions à 4, 5 ou 6 heures du matin.  Heureux!  Merci maman!


PS: Je n'ai pas abordé ce temps où, étudiant à l'université Laval, j'arrivais à Port-Alfred le 23 ou le 24 décembre.  J'étais accueilli comme un roi et traité comme tel... 


Delhorno






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