LE TROU #3
Je ne te parlerai que du vrai #3, l'original, celui que j'ai arpenté petit garçon et qu'on a complètement remanié sinon dénaturé au début des années soixante, en autant que ma mémoire soit intacte. Celui auquel DD et moi avons livré bataille entre 1956 et 1960.
Au sortir du vert #2, nous marchions vers de grandes épinettes, là-bas, à l'ouest, à près de cent pieds. Le tee s'y trouvait. Tout petit. Le gazon n'y poussait jamais bien, car ces grands conifères s'appropriaient tout le soleil.
Le fairway se déroulait du sud au nord, alignement qui n'a point changé à l'heure que je t'écris. Tout le côté gauche était gardé par ce que les vieux appelaient une «coulée». On entendait dire:
-Il a drivé sa boule dans la coulée du trois, il était en beau sacrament!
-Il a perdu deux balles dans la coulée du trois et y a cr... tout son sac de golf.
En fait, on aurait dû dire «le ravin du trois» et une «balle» plutôt qu'une «boule». Tu avoueras quand même, mon cher Gibus, que dire «boule de golf» comporte un certain charme.
Moi, ça m'aura pris cinquante ans à savoir que la coulée du trois, ça n'existe pas. C'est un RAVIN qui s'y trouve. Rien n'a jamais coulé dans le ravin du trou #3. Il y descend, certes, depuis des temps immémoriaux, un ruisselet sans nom, mais personne n'y a jamais pu observer une coulée de lave comme sur la grande île d'Hawaïi ou une coulée de neige comme dans les Hautes Alpes. Ce que le ravin du trois a plutôt vu, trop souvent, ce sont des balles mal frappées, cherchées par des golfeurs impatients ou enragés et des caddies nerveux et timorés. Ce n'était très bon pour la réputation d'un caddie de faillir à retrouver les balles perdues de son patron!
Le trou #3 s'est avéré un cadeau du ciel pour les sliceux tels que moi. Car il pardonnait à peu près toutes les sortes de slices! Je retrouvais donc ma balle sur le fairway du #2, d'où je pouvais voir le vert et l'atteindre... à condition de ne pas slicer le deuxième coup! En effet, le vert de cette époque était logé à gauche d'un autre ravin qui descendait en direction des terrains de tennis et de la rivière à Mars. La balle devait traverser le fairway du trou #8 afin d'atteindre le green.
Autrement dit, le trou #3 du Vieux-Neuf de Port-Alfred était une réplique du Charybde et Scylla d'Homère et des Anciens. Vous pouviez manquer votre par en drivant dans le ravin de gauche ou en sliçant votre deuxième coup dans le ravin de droite aux abords du vert.
C'est sur ce trou que je réussis mon premier birdie, celui qu'on n'oublie jamais. Lors d'un tournoi de caddies. Je «chippai» ma boule dans le trou avec Fernie, un fer #11 que nous avait donné notre oncle Fernand. Encore aujourd'hui, je la vois tomber dans le trou devant mon regard ébahi. Le tournoi était chaperonné par Georges Michaud, qui était assistant-pro cet été-là, -il fut l'un des plus brillants golfeurs saguenéens de sa génération- et qui ne crut pas, à prime abord, que j'avais pu réussir l'exploit.
Delhorno
Bonjour,
Je répond avant que la partie de golf ne soit rendue trop loin.
Je n’ai jamais aimé le golf, trop long, trop sérieux, trop de ci, trop de ça… ou tout simplement parce que j’avais un talent limité. Par contre, j’aimais la compagnie.
Lucille me forçait à y aller. Elle ne voulait pas que je bizounne dans la maison tout l’été. Tout comme elle me forçait à aller à la piscine. Elle m’accompagnait et demandait à une monitrice de s’occuper de moi. Si on n’oublie pas son premier birdie je n’ai jamais oublié non plus cette gentille et jolie monitrice à la … qui me prenait dans ses bras pour me promener dans l’eau, me supporter le dos et m’encourager.
Pour accéder au tertre #1 il fallait monter toute une pente. On y arrivait tellement essoufflé que cela affectait la première drive. Étant un « sliceux » invétéré, je me suis toujours ramassé en bas à droite. Pas si pire car l’accès au vert y était acceptable.
Sur le tertre du # 2, il y avait cette clôture jaune, très haute, sur 2 côtés pour mettre les golfeurs à l’abri des cretons qui auraient pu topper leur 2e coup et du coup en assommer un. J’ai revu ce jaune à profusion dans les usines car c’était la couleur officielle des garde-corps. Il fallait driver sur la butte et ainsi voir le vert. J’y ai rarement accéder de sorte que je frappais dans la pente, les pieds comme dans un escalier et vous devinez la suite… La pente douce n’avait de douce que le nom. L’herbe très longue et très pentue. Presqu’impossible de trouver une balle ni dessus , ni au pied en bas à droite, encore moins de la frapper. Le rough à Port-Alfred était vraiment rough… C’était la misère comparativement à aujourd’hui où tout est plus facile.
Et le # 3? Un tertre enfoncé dans une allée étroite, combien difficile d’en sortir. Le 3 était plus glaiseux que les autres, sans compter les pissenlits et autres mauvaises herbes. La misère à comparer avec le moelleux d’aujourd’hui… Il descendait tout le long et heureusement rouleux..
J’ai hâte d’arriver au #7, où André avait….
Gilles
Faut croire que le golf était un sport d’anglais avec tous ces termes empruntés.
Faut croire que les gens de Bonaventure … croire que la démocratie… croire que…
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