lundi 12 décembre 2011

The Old Course à Port-Alfred. Le trou #9




Au sortir du vert du 8e trou, il nous fallait escalader un coteau dont le sommet surplombait le fairway du 9e; le tertre de départ, minuscule selon les standards actuels, s'y trouvait.  D'un seul regard, nous apercevions tant le fairway que le vert et le chalet blanc du club tout au fond.  Le vert de pratique n'existait pas à cette époque-là.  À gauche du tertre,  la nature avait façonné une curiosité topographique que les vieux golfeurs de Port-Alfred appelaient «les fesses à Marie-Ange»...  Evidemment, Marie-Ange n'était jamais là quand le vocable retentissait dans le chalet ou sur le tertre du 9e.  Ce n'était pas très gentil pour Marie-Ange, qui, par ailleurs, était l'une des rares joueuses du club.  Je vous parle cependant d'un autre temps...  et j'ajoute que moi je n'ai jamais utilisé cette expression, quoique ne l'ayant jamais oubliée!  J'aurais pensé que ce toponyme, «les fesses à M...» n'aurait pas survécu à une deuxième génération; il semble toutefois, selon mes sources, qu'il est encore utilisé en 2014

Les temps changèrent et l'équipement de golf évolua.  Le #9, c'était évident, était devenu un par 4 trop facile.  Les édiles du club s'empressèrent de déménager le tertre de mes premières années à cent verges derrière,  là où il se trouve maintenant, d'où il surplombe le terrain de baseball et une bonne partie du vieux Port-Alfred.  La tactique ne varia point toutefois:  il nous fallait encore driver en direction et de préférence un peu à droite d'une grosse roche sise à 90 ou 100 verges du vert.  Elle existe toujours.  Les «hookeux» retrouvaient leur balle dans le bosquet de gros peupliers qui défendait le rebord gauche du fairway ou encore la perdaient dans le rough des alentours où les balles étaient introuvables.  Les «siliceux», quant à eux, frappaient leur deuxième coup sur le fairway #1.  Les érables de maintenant n'avaient pas encore été plantés, à l'époque, à la frontière des deux fairways.

Les balles ne mordaient point sur le green du #9, alors, et elles n'y mordent toujours pas!  Ça prenait un coup parfait pour putter birdie.  Le vert était gardé par des trappes de sable et personne du club, à ma connaissance, ne savait comment jouer dans le sable.  Vous pouviez briser une belle partie  dans ces trappes.

Les ados que nous étions n'avaient pas accès au chalet en ces années.  Nous redescendions donc à la maison, nos sacs sur l'épaule.  Monsieur Forcade demeurait en face du chalet.  Il avait construit un petit étang dans son parterre, le seul dans toute La Baie, je pense.  J'ignorais alors que, quarante ans plus tard, j'opérerais le fils de monsieur Forcade ainsi que l'épouse de celui-ci...  Simon Larouche, le père de tante Estelle venait de se construire sur le coin de la 3e.  En face, c'était Ernest Gilot.  Puis, monsieur Laberge, le chef Labrie, Edmour Delisle, Gagnon «Black», les Clouston, Clarisse la maîtresse d'école et Émile le sauteur à ski, monsieur St-Hilaire et Jean-Paul Carrier.  Paul-Albert Rasmussen demeurait sur le coin de la 4e rue et de la 5e avenue.  Xavier Truchon, notre voisin immédiat, occupait l'autre coin; il avait coutume d'aménager un potager dans sa cour arrière, laquelle jouxtait la ruelle qui nous séparait.  Les Truchon avaient quitté Baie St-Paul en même temps que les Dufour, les Lemieux et les Mailloux, à la réouverture du moulin à papier par Consolidated Paper.

La plupart du temps, je descendais la 4e rue fort déçu de ma partie.  Je n'avais pas encore appris -cet apprentissage ne me vint pas facilement- que le golf n'est qu'un jeu, que certains sont plus doués que d'autres et y réussissent plus aisément. A 67 ans, je ne suis pas un meilleur joueur que je l'étais à douze ans.  J'ai corrigé ma slice, certes, mais je lève encore la tête au moment suprême! J'aime encore le golf comme à douze ans et je vis toujours d'espoir.  Un de mes plus grands bonheurs?  Rejouer le Vieux-Neuf de Port-Alfred en compagnie de mes frères.

Delhorno

Anecdote concernant le trou # 9 : en ces temps anciens  , comme il n'y avait d'aire d'exercice, certains joueurs pratiquaient à rebours sur ce vieux 9:  de l'endroit approximatif du vert de pratique , direction la butte menant au vert du # 8 J'étais alors dans la butte en question  avec quelques autres pour  récupérer les offrandes de celui à qui c'était le tour de frapper. Tout à coup , l'un de nous  est atteint par le coup de départ du frappeur !


Questions pour Claude :

Qui a  atteint l'un de nous avec son coup de départ ?

Qui a été atteint par cette frappe ?

Merci pour ce tour descriptif du vieux-neuf
PS  En passant, l'expression les fesses à marie-Ange pour désigner la curiosité topographique à laquelle tu fais allusion est encore usitée .
André


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