LE TROU #4
Pour accéder au 4e trou, il fallait traverser le ravin du trou #3 sur une passerelle de bois qui ne faisait pas quatre pieds de largeur. De telle sorte que la «coulée» du trois devenait la «coulée» du quatre. Les golfeurs tournaient à gauche dès le ravin franchi et le tee s'offrait à eux. Le fairway #4 s'étirait dans l'axe nord-sud, bordé sur sa gauche par le dit ravin qui a été responsable, sur près de 80 ans, des déconfitures d'une myriade de golfeurs...
Une vieille épinette, qui vit encore à l'instant que j'écris, s'imposait à mi-parcours. Elle est depuis toujours l'emblème du trou #4, sinon son ange tutélaire. Je la considère comme une vieille amie et la salue toujours avec émotion, même si mes visites port-alfrédiennes sont devenues rarissimes. Les golfeurs baieriverains s'estimaient satisfaits s'ils avaient drivé au-delà de l'épinette.
Il ne reste plus de trace du vert original. Je sais cependant où il se trouvait, car j'ai travaillé à sa relocalisation l'été de mes vingt ans. C'était un vert carré, difficile d'accès car partiellement caché par l'épinette dont je vous ai parlé et adossé à un bosquet de peupliers faux-trembles, de sapins et d'épinettes. Le trou #4 a toujours été le trou le plus difficile du terrain de golf de Port-Alfred et l'est encore.
Car il ne fallait pas «hooker» sur ce trou, sinon vous étiez perdu! Le ravin ne pardonnait rien, pas même une erreur minime. Que de parties fichues sur ce trou, où inexplicablement je ne sliçais plus. Nous étions trois frères... Nous aimions jouer un neuf vers 5h ou 5h30 au mois de juillet. Le trou #4, c'est celui où l'un d'entre nous (DD) perdait la parole, habituellement. Pas besoin de grandes explications... Nous savions pourquoi il était devenu muet, nous savions qu'il se remettrait à parler, soit après le match, soit après quelques pars d'affilée.
L'été de mes vingt ans, la Consol m'engagea comme étudiant et me commit au terrain de golf. On avait décidé de déplacer le vert #4 et de construire tout à côté un par 3 et un par 4, démarche qui permettait d'éliminer le court trou #5 et le par 3 #7, dont je parlerai ultérieurement. Il nous fallait découper des rectangles de gazon mesurant 2'x 3' x 4", les déplacer manuellement sur le vert nouvellement constitué du trou #5. C'est là qu'il me fut donné de connaître monsieur Isoland Claveau de St-Félix d'Otis. J'aimai cet homme simple et droit, au parler de stentor. Il me faisait rire. Me criait de faire attention aux blessures. Je ne l'ai jamais revu.
Le trou terminé, les golfeurs prenaient une sente dans le bosquet précédemment décrit et, une marche de quelques minutes, parvenaient au tee #5.
Delhorno
Dans mon souvenir , il y avait 2 tertres de départ au trou #4 : celui que tu décris et un autre du côté du trou # 3. Il fallait traverser la coulée et heureux celui qui pouvait frapper un crochet de droite à gauche plutôt que l'inverse. Lors des tournois , les 2 départs étaient utilisés.
André
Le trou #4 - Prise 2
Le trou #4 a été la scène d'un exploit peu banal survenu il y a d fort longtemps : la mort d'une corneille atteinte par un coup de départ d'une rare précision. Question pour les vieux : qui en est l'auteur ?
André
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