jeudi 26 avril 2012

LAVEUR DE VITRES À L'ÉCOLE NOTRE-DAME

Cet été-là, la Commission scolaire m'engagea comme laveur de vitres à l'École Notre-Dame.  C'était la plus vieille école de Port-Alfred, aussi vieille que les premiers balbutiements de ma ville natale.  J'ignorais 





à l'époque qu'elle avait été l'Alma Mater de Mutt, mon père.  Au décès de son père, Réal Ouellet retrouva cette photo oubliée de tous; Lucien Ouellet, que j'ai bien connu dans ma jeunesse, avait été le confrère de classe de Mutt, que l'on peut voir tout juste à la droite de la tête du curé Médéric Gravel, que j'ai bien connu lui aussi.  La photo est prise contre un mur de la dite école.  C'est une soeur du Bon Conseil qu'on y voit.  Bien des années plus tard, j'irais visiter de vieilles soeurs malades à l'infirmerie du couvent principal des Soeurs du Bon Conseil à Chicoutimi.  Elles devaient être une vingtaine à l'École Notre-Dame durant les années cinquante, quand je servais la messe.  Je les revois encore à cinq heures et demie du matin marcher de l'école à l'église, à la queue leu leu, pour assister à la messe de six heures.  En fallait-il du courage pour vivre cette sorte de vie?   

Si j'avais su tout ça, je ne me serais probablement pas conduit de manière aussi folichonne dans l'incident que je vais vous raconter.  Je lavais les vitres, donc.  Il me semblait qu'il n'y avait que des vitres dans cette école.  Se trouvait, face à la maison de Jacques Temblay, une petite porte qui s'ouvrait sur un escalier d'une vingtaine de marches, lequel donnait accès au sous-sol.  Nous étions deux ou trois qui lavions les vitres des alentours.  Germain Bouchard, lui, plus vieux, peinturait les deux murs qui bordaient l'escalier.  Quand je le vis, au bas de l'escalier, il me prit l'idée saugrenue de lui jeter mon seau d'eau chaude.  Il reçut tout le liquide et son savon sur la tête et le dos!
-Hostie de crisse de quâlisse de tabarnaque!

Action-réaction!  Germain remonta l'escalier en courant avec son pinceau dans sa main droite.  Je pris mes jambes à mon cou en direction de la pharmacie Chez Petol.  J'étais alors le meilleur coureur de ma génération...  Jamais il ne me rejoignit.  Tout ce que je vis dans ma fuite, ce fut le pinceau de Germain, qui me frôla l'oreille droite. 

Delhorno        

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