vendredi 6 avril 2012

VITALITÉ III: UN PEU DE SÉGRÉGATION

Arrivé de bonne heure à l'hôpital ce matin.  En raison de cet octogénaire des soins intensifs qui saignait de son gros intestin.  Trois épisodes hémorragiques au cours de la nuit!  Il y a ce test de médecine nucléaire qui permet souvent d'identifier le site du saignement...  «Scintigramme abdominal avec globules rouges marqués.»  Ça ne se fait qu'à Bathurst, à une heure d'ici.

L'infirmière me dit qu'en raison de l'origine québécoise du patient il me faudra l'envoyer à Rimouski, à deux heures d'ici, plutôt qu'à Bathurst.  Mon patient a quatre-vingt ans...  J'appelle tout de même Bathurst.  La technicienne me répond qu'elle va accepter le patient, mais que je pourrais avoir un problème avec l'ambulance, qu'il me faudra probablement quérir une ambulance québécoise, étant donné que mon patient réside sur la berge québécoise de la rivière Restigouche.  L'infirmière, la même, surenchérit: les ambulances néo-brunswickoises ne transportent pas les malades québécois!  Je lui suggère doucement d'essayer de régler ce «problemito», comme disent mes amis dominicains.  Il s'avérera que sa patronne autorisera l'utilisation d'une ambulance du Nouveau-Brunswick pour transporter à Bathurst le patient québécois!  Y en pas de facile, comme dirait Piton Ruel.

J'ai terminé ma tournée au petit trot.  L'une de mes patientes était affublée, comme d'un chapeau pas regardable, du prénom de SEGUNDA.  Je n'ai pu m'empêcher d'éclater de rire en lui demandant de quelle folie des nombres, pour ne pas dire des grandeurs, avait été atteinte sa mère en lui choisissant un tel prénom.  J'avais conclu rapidement que Segunda était la deuxième des enfants et que le plus vieux s'appelait Primero...  J'avais tort.  La soeur de la mère était nonne et avait choisi le nom professionnel de soeur Santa Segunda, d'où originait le prénom de ma patiente.  Comme dirait DD, on se fait du fun avec pas grand chose.

La dernière patiente était une Laurencelle! Quel beau nom de famille! me dis-je.  Première fois de ma vie que j'entendais ce vocable.  
-Est-ce un nom acadien?  lui demandai-je
-Pas du tout.  Ma mère est gaspésienne.

Zut!  Elle n'avait pas répondu à ma question.  Elle tenait son nom de famille de son père, non?  De fil en aiguille, j'ai découvert par la suite que Joseph Laurencelle, originaire d'Argenta en Normandie,  était arrivé au Canada dans la deuxième moitié du 19e siècle.  A 48 ans, il avait convolé en justes noces avec une Perreault âgée de 19 ans!  Et ce, à l'église  Notre-Dame de Québec.   «Une union de trop tôt avec trop tard», ainsi que l'a écrit Victor Hugo.   

Delhorno 


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