lundi 29 septembre 2008

QU'AURAIS-JE FAIT?

Je viens de lire que les Espagnols ont choisi le film qui les représentera aux prochains Oscars à Hollywood. Tout un film, paraît-il. Un thème qui, longtemps, a été tabou au pays du taureau: la guerre de 36-39.

Avant que tu n'ailles voir le film, lecteur, je te suggère de lire
LA VOZ DORMIDA, le roman sorti de la plume de Dulce Chacòn en 2002. Retour fort documenté sur les années fratricides. C'est Plon qui a imprimé la traduction française en 2004: VOIX ENDORMIES. Livre de l'année en Espagne en 2002! La dédicace du bouquin? "A los que se vieron obligados a guardar silencio." "A ceux qui furent contraints à garder le silence."

Livre acheté chez Renaud-Bray, rue Saint-Denis, Montréal, en novembre deux mil quatre, sur un clin d'oeil. Comme si une main invisible m'avait signifié: "Lis ça!" Lu en quelques heures. Quel bon coup! Quel heureux hasard! Chacòn écrit avec style: c'est d'abord ce que j'ai savouré. Elle est une écrivaine, une vraie. Ai classé son livre dans la première dizaine de ceux qui ont contribué à mon bonheur depuis un demi-siècle. Je n'en divulgue pas plus: il faut lire ce livre.

Les Espagnols s'entretuèrent en 36-39. Les familles se déchirèrent. Le neveu dénonçait son oncle, le cousin abattait son cousin. L'Église couchait avec les Grands, les pauvres avec Staline. Federico Garcia Lorca, vendu par un cousin, fut fusillé et enterré sommairement dans une fosse commune -qu'on vient tout juste de découvrir, semble-t-il. La question m'a tenaillé depuis un séjour à Alicante, il y a quelques années: je me la suis posée presque quotidiennement. "Qu'aurais-je fait?" Aux côtés de Franco, ou avec les Républicains?

Nous fûmes confrontés à un problème similaire, ici, lors des questions référendaires. Familles déchirées, frères et soeurs ulcérés, amitiés anéanties... Haine, mépris, rancoeur... Les Québécois, toutefois, à l'exclusion des frères Rose et contrairement aux Espagnols, n'allèrent point jusqu'à s'entretuer! Voilà pourquoi l'Espagne a ignoré cette grande tache rouge de son passé pendant un demi-siècle... Je te la pose à toi, lecteur, cette question: "Qu'aurais-tu fait, entre 1936 et 1939, dans l'Espagne des Républicains et de Franco?"

Mon professeur d'espagnol, Cubain d'origine, sut y répondre, quand je l'interrogeai, un soir de juillet, à Alicante:
-Claudio, j'ai déjà résolu ce dilemme quand Castro prit le pouvoir en 1959. J'ai quitté Cuba, mon pays natal.

C'est aussi ce que firent bien des Républicains espagnols. Cent mille d'entre eux se réfugièrent à Toulouse durant la guerre fratricide. Ils avaient choisi de survivre...

Il te faudra, lecteur, voir ce film, lire ce roman et te la poser, cette question, un jour. Car on te la reposera assurément, sous une forme ou sous une autre... Plus facile de répondre quand on a déjà réfléchi au sujet. Les grandes questions reviennent toujoursl...

Delhorno

samedi 27 septembre 2008

REPARTIR

Des motifs logistiques m'ont poussé à clore mes conversations avec Gibus et McPherson. Nouvelle adresse-courriel, en effet: claudiodelhorno@sympatico.ca

Ai donc colligé en un volume d'une centaine de pages mes écrits de la dernière année, de crainte que tout ne s'efface, début octobre, quand le contrat avec Bell Affaires se sera terminé. Deux semaines de sur-place et... me voilà reparti.

Mon nouveau blogue s'intitule
ON NE PEUT PAS ETRE HEUREUX TOUT LE TEMPS . Non, ce n'est pas de moi! C'est de Françoise Giroud, oui, celle de la Résistance, d'Elle et de l'Express. Titre de l'un de ses derniers écrits, lequel est largement, sinon totalement, autobiographique.

J'étais en transit à Charles-de-Gaulle et me croyais enfin heureux... Une triste nouvelle m'assaillit soudain et, déconfit, je me mis à errer sur l'étage des vols internationaux, celui que vous savez, jusqu'à cette obscure librairie, où mon regard fut attiré par un petit livre qui venait de paraître. J'avais entendu parler de Giroud peu de temps auparavant: émission télévisée, je pense. Je dévorai le bouquin en quelques heures: il me fit l'effet d'une potion miraculeuse. Je pus ainsi oublier ma détresse durant le trajet Paris-Montréal et retrouver un certain goût de vivre.

De quoi parlerai-je dans cette deuxième aventure littéraire? De la vie, certes, du bonheur et du malheur, de tout et de n'importe quoi et, pourquoi pas, de "l'insolite, qu'il ne faut surtout pas refuser, quand il se présente". (1)

Delhorno


(1)  Tiré de l'autobiographie d'Agatha Christie