dimanche 25 décembre 2011

KEEP CLOSE

Chez Apple.  Carrefour Laval.  A Laval, évidemment.  La deuxième ville en importance de la Belle Province.  La boutique Apple.  Il y a deux boutiques Apple dans le grand Montréal; et il n'y a que deux boutiques Apple dans le grand Montréal.  Celle de Laval et celle de la rue Ste-Catherine Ouest.  

Problème d'ordinateur.  Eh oui!  Même les portables d'Apple tombent malades au moment où l'on s'en attend le moins.  J'avais pris rendez-vous par internet.  Quelle belle façon de procéder!  Pas de téléphoniste, pas d'attente au bout du fil, tu choisis ta date et ton moment.  J'avais rendez-vous à 15 heures, donc.

Il ne s'écrit rien à la main, chez Apple.  Les employés revêtent un T-shirt rouge et déambulent fébrilement, soit avec un iPhone, soit avec un iPad.  Tout le savoir collectif est caché dans ces bidules, que l'on pitonne de l'index.  Une bonne trentaine de commis rouge-communiste dans cette boutique, et...  trop de clients, presqu'une centaine.  Un bruit de fond qui serait intolérable si je n'étais pas si dépendant.  Le MacPro de ma fille ne fonctionne plus, il est encore sur la garantie, j'ai besoin des Bolcheviks rouges d'Apple.

Je m'installe donc devant le «Genius Bar», «le Bar du Génie ou des génies» en français, et scrute les alentours comme un rapace: devant, à droite, à gauche, derrière, à la recherche d'un Octobre Rouge qui daignera s'intéresser à ma personne.  J'accroche finalement cette jeune fille, de rouge elle aussi vêtue:
-Pourriez-vous vérifier si vous avez bien mon nom sur votre liste de rendez-vous?  Claudio Delhorno, mon nom. 
-Oui, je l'ai.  Gardez proche, on va vous appeler.

«Gardez proche»!  Première fois de ma vie qu'on me lance cette mise en garde.  Sans accent anglophone aucun!  Je me dis que ça veut sans doute dire «restez tout près», «ne vous éloignez point», «soyez aux aguets».  Je me demande aussi s'il ne s'agirait pas d'une nouvelle locution française...  Quand on approche comme moi de la septième décade, on se rend compte qu'en bien des domaines, on n'est plus de taille.  «Gardez proche»...  La décadence de ma langue maternelle m'exaspère.  Je suis un produit des années cinquante et soixante.  Les dictées sans faute, le français sans bavure, ça été mon mode de vie, mon souffle, mon être, depuis ce jour de septembre 1950 où Gertrude Tremblay, mon institutrice de première année, m'a instruit de «la souris qui fait i» au collège St-Edouard. 

Tout en restant près du Genius Bar, j'ai cogité en survolant mon voisinage.  «Gardez proche», ça ne pouvait être qu'une traduction littérale, sinon simpliste, de l'anglais Keep close!  Par quel mystère de la vie cette jeune québécoise avait-elle pu en arriver à me lancer ce Gardez proche?  Une sorte de «chiac» qui commencerait à sévir sur l'Île Jésus?

Je puis t'assurer, lecteur, que Gardez proche,  ça ne se dit pas au Saguenay-Lac-St-Jean.

Delhorno      

samedi 24 décembre 2011

24 DÉCEMBRE

Moi, c'est à ma mère que je pense.  Sans elle, Noël n'aurait pas existé.  Elle avait passé tout le mois de décembre à courir un peu partout: les cadeaux, les épiceries, préparer ses desserts, la sauce à spaghetti, la grosse dinde, la sauce aux atocas, le boeuf bourguignon, les beignes, les pâtés de viande, le ménage, les enfants, leurs examens, leurs problèmes,  ceux de Mutt, sans compter l'arbre de Noël,  la crèche et la parenté.


Le 24 décembre, elle s'affairait sans relâche pour que tout soit prêt à temps.  Elle avait de la broue dans le toupette toute la journée.  Mutt ne levait pas le petit doigt, si je me rappelle bien.  Moi non plus, d'ailleurs.  Je n'ai jamais offert à ma mère de l'aider... et je le regrette.  Pas même la vaisselle.  Et nous n'avions pas de lave-vaisselle dans le temps que je vous parle.  Moi, je gérais mon temps libre: du ski peut-être, ou encore du patin et du hockey, ou jouer aux cartes, et mes trois repas par jour.


Tout serait prêt à temps, oui!  Les bains, les habits des enfants, le souper, le ménage et même sa toilette à elle, à la dernière minute, il est vrai, son maquillage, ses bijoux.  Nous irions à la messe de minuit.  Quelquefois, elle n'irait pas, prétextant relaxer un peu, dans la solitude du salon ou ne pas s'éloigner de ce qui se tramait dans le fourneau du poêle.  Nous arriverions de l'église St-Edouard ou du collège vers 1h30 et la fête commencerait.  Sauf la fois que...  DD servirait les trois messes de l'abbé Antoni et n'arriverait qu'à trois heures du matin.  Cette fois-là, je ne l'ai pas oublié, maman perdrait sa contenance.


Débarrassés de nos accoutrements hivernaux, nous nous regrouperions dans le salon, autour de Mutt et de maman.  Le sapin de Noël trônait dans le coin de l'oncle Fernand, entouré de dizaines de paquets multicolores.  J'ai toujours eu de beaux cadeaux: des skis, des disques, des livres, d'autres skis, des bottes de ski.  Maman faisait des pieds et des mains pour me trouver LE CADEAU.  Cette année-là, je lui avais mentionné ces deux disques de Sydney Béchet, dans lesquels il racontait des bribes de sa vie trépidante en jouant ses meilleurs morceaux.  Elle était allée à Chicoutimi, chez l'unique disquaire que nous avions dans la région, lequel avait fait venir l'album de Paris.  


Ce serait ensuite le réveillon et ses classiques: des sandwiches décroutés, des pâtés de viande, des poires farcies, la salade au poulet, les ketchups et...  finalement, les desserts, plusieurs sortes, les spécialités de grand-maman Chantal.  Les vins de France, rouges et blancs, étaient d'illustres inconnus alors.  Nous nous coucherions à 4, 5 ou 6 heures du matin.  Heureux!  Merci maman!


PS: Je n'ai pas abordé ce temps où, étudiant à l'université Laval, j'arrivais à Port-Alfred le 23 ou le 24 décembre.  J'étais accueilli comme un roi et traité comme tel... 


Delhorno






lundi 12 décembre 2011

The Old Course à Port-Alfred. Le trou #9




Au sortir du vert du 8e trou, il nous fallait escalader un coteau dont le sommet surplombait le fairway du 9e; le tertre de départ, minuscule selon les standards actuels, s'y trouvait.  D'un seul regard, nous apercevions tant le fairway que le vert et le chalet blanc du club tout au fond.  Le vert de pratique n'existait pas à cette époque-là.  À gauche du tertre,  la nature avait façonné une curiosité topographique que les vieux golfeurs de Port-Alfred appelaient «les fesses à Marie-Ange»...  Evidemment, Marie-Ange n'était jamais là quand le vocable retentissait dans le chalet ou sur le tertre du 9e.  Ce n'était pas très gentil pour Marie-Ange, qui, par ailleurs, était l'une des rares joueuses du club.  Je vous parle cependant d'un autre temps...  et j'ajoute que moi je n'ai jamais utilisé cette expression, quoique ne l'ayant jamais oubliée!  J'aurais pensé que ce toponyme, «les fesses à M...» n'aurait pas survécu à une deuxième génération; il semble toutefois, selon mes sources, qu'il est encore utilisé en 2014

Les temps changèrent et l'équipement de golf évolua.  Le #9, c'était évident, était devenu un par 4 trop facile.  Les édiles du club s'empressèrent de déménager le tertre de mes premières années à cent verges derrière,  là où il se trouve maintenant, d'où il surplombe le terrain de baseball et une bonne partie du vieux Port-Alfred.  La tactique ne varia point toutefois:  il nous fallait encore driver en direction et de préférence un peu à droite d'une grosse roche sise à 90 ou 100 verges du vert.  Elle existe toujours.  Les «hookeux» retrouvaient leur balle dans le bosquet de gros peupliers qui défendait le rebord gauche du fairway ou encore la perdaient dans le rough des alentours où les balles étaient introuvables.  Les «siliceux», quant à eux, frappaient leur deuxième coup sur le fairway #1.  Les érables de maintenant n'avaient pas encore été plantés, à l'époque, à la frontière des deux fairways.

Les balles ne mordaient point sur le green du #9, alors, et elles n'y mordent toujours pas!  Ça prenait un coup parfait pour putter birdie.  Le vert était gardé par des trappes de sable et personne du club, à ma connaissance, ne savait comment jouer dans le sable.  Vous pouviez briser une belle partie  dans ces trappes.

Les ados que nous étions n'avaient pas accès au chalet en ces années.  Nous redescendions donc à la maison, nos sacs sur l'épaule.  Monsieur Forcade demeurait en face du chalet.  Il avait construit un petit étang dans son parterre, le seul dans toute La Baie, je pense.  J'ignorais alors que, quarante ans plus tard, j'opérerais le fils de monsieur Forcade ainsi que l'épouse de celui-ci...  Simon Larouche, le père de tante Estelle venait de se construire sur le coin de la 3e.  En face, c'était Ernest Gilot.  Puis, monsieur Laberge, le chef Labrie, Edmour Delisle, Gagnon «Black», les Clouston, Clarisse la maîtresse d'école et Émile le sauteur à ski, monsieur St-Hilaire et Jean-Paul Carrier.  Paul-Albert Rasmussen demeurait sur le coin de la 4e rue et de la 5e avenue.  Xavier Truchon, notre voisin immédiat, occupait l'autre coin; il avait coutume d'aménager un potager dans sa cour arrière, laquelle jouxtait la ruelle qui nous séparait.  Les Truchon avaient quitté Baie St-Paul en même temps que les Dufour, les Lemieux et les Mailloux, à la réouverture du moulin à papier par Consolidated Paper.

La plupart du temps, je descendais la 4e rue fort déçu de ma partie.  Je n'avais pas encore appris -cet apprentissage ne me vint pas facilement- que le golf n'est qu'un jeu, que certains sont plus doués que d'autres et y réussissent plus aisément. A 67 ans, je ne suis pas un meilleur joueur que je l'étais à douze ans.  J'ai corrigé ma slice, certes, mais je lève encore la tête au moment suprême! J'aime encore le golf comme à douze ans et je vis toujours d'espoir.  Un de mes plus grands bonheurs?  Rejouer le Vieux-Neuf de Port-Alfred en compagnie de mes frères.

Delhorno

Anecdote concernant le trou # 9 : en ces temps anciens  , comme il n'y avait d'aire d'exercice, certains joueurs pratiquaient à rebours sur ce vieux 9:  de l'endroit approximatif du vert de pratique , direction la butte menant au vert du # 8 J'étais alors dans la butte en question  avec quelques autres pour  récupérer les offrandes de celui à qui c'était le tour de frapper. Tout à coup , l'un de nous  est atteint par le coup de départ du frappeur !


Questions pour Claude :

Qui a  atteint l'un de nous avec son coup de départ ?

Qui a été atteint par cette frappe ?

Merci pour ce tour descriptif du vieux-neuf
PS  En passant, l'expression les fesses à marie-Ange pour désigner la curiosité topographique à laquelle tu fais allusion est encore usitée .
André


dimanche 11 décembre 2011

CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUX-NEUF. TROU #8


TROU #8

Le tertre de celui-ci était adossé à la 6e avenue, au nord du vert du #7, c'est-à-dire en aval de celui-ci.  Il nous fallait driver, en direction du chalet, par-dessus le ravin qui séparait les 3e et 4e trous, par-dessus le fairway du #3,  et repasser ensuite la passerelle de bois dont je vous ai parlé plus tôt.  Le problème, c'était justement le ravin. Il intimidait les néophytes timorés que nous étions.  Que de balles perdues!  Que d'espoirs anéantis!

Sur la gauche, au-delà du ravin dont je viens de parler et de l'entrée du vert #3, il y avait un autre ravin qui débouchait sur les terrains de tennis de maintenant,  suivi du «rough» du 8: c'était le duché des hookeux.  A 200 verges, sur la droite, il y avait et il y a toujours un autre «rough» ainsi qu'un bosquet de trembles destinés aux sliceux.

Le green du 8 s'enfonçait derrière un monticule oblong qui faisait la largeur du fairway.  On avait rallongé la tige du drapeau de façon que nous ayions une cible à viser.  Cette topographie n'a point changé aujourd'hui.  Le trou semblait facile...  Il ne l'était qu'en apparence, car le vert penchait encore une fois vers la rivière à Mars et ne retenait pas les balles.  Il ne les retient toujours pas d'ailleurs.  Un vert pour les «tripoteux»...

Le #8 de mon enfance est devenu le #17 de maintenant.  Il a peu changé, sauf qu'on a comblé le ravin et démantelé la passerelle.  Je me demande encore pourquoi...  Le pittoresque a été enseveli.
Mutt, quand nous serions plus vieux, nous regarderait driver sur le tertre du 8,  puis s'en retournerait à la maison.

Delhorno

samedi 10 décembre 2011

CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUF NEUF-TROUS. TROU #7




TROU #7


J'ai connu un homme qui pourrait,  j'en suis sûr,  te parler de ce petit par 3, s'il était vivant.  Il travaillait en compagnie de Mutt sur les machines à papier.  «Papermaker»!  C'est ce que répondait mon père quand on lui demandait son métier.  Réal Dumas, c'était le nom de cet homme.  Il avait construit sa maison juste en face du trou #7 sur la 6e avenue, et c'est ce qui lui donna le goût du golf!  Son fils Carl s'en rappelle peut-être.  Mais il était bien jeune.  DD, Léon Bergeron, Mathias Rouleau, certains Delisles, parmi les plus vieux, sont susceptibles de ne pas l'avoir oublié.  Et je suis certain que Léon Dahl s'en rappellerait lui aussi si on lui rafraîchissait la mémoire...

Le 6e trou terminé, nous retournions sur nos pas en longeant le fairway du 6e pour nous rapprocher de la 6e avenue, où se trouvait le tee du 7.  Un par 3.  Quelque chose comme 140 verges, car je choisissais toujours un fer 7.  Donc, tant le tee que le court fairway et le vert étaient bordés à gauche par la 6e avenue.  Sur la droite, il y avait le vert du 6e et l'entrée au vert.  Quelque temps plus tard, les penseurs du club ajouteraient un étang entre le tee et le green pour rendre l'affaire plus difficile.  Je pense que  cet étang était nourri par le ditch qui séparait le fairway du 6e.  Le par 3 #7, dont je n'ai jamais connu l'histoire ancienne, ne vécut pas très longtemps et certainement pas au-delà des années 70.  Il fut éliminé quand on réaménagea les trous #4 et #5 et qu'on ajouta le #6 actuel.

Au temps que je vous parle, c'était une normale facile, dans le sens que, si vous évitiez le hook, le pull et le pull-hook, vous vous en sortiez relativement bien.  Le vert était légèrement concave, le gazon presque toujours parfait.  

Mutt était venu me voir jouer un matin.  Je frappais bien la balle cet été-là.  Quand je le vis me regarder m'élancer avec mon fer #7 à tige de bois, je me dis que je lui donnerais un bon spectacle.  Je frappai la balle avec autorité.  Elle se mit à hooker, atterrit dans la rue et descendit jusqu'au terrain de baseball.  Dieu que j'étais déçu.  Mutt s'approcha:
-Elle était bien frappée, pourtant!  Montre-moi ton bâton.
Il remarqua ce dont je ne m'étais pas aperçu: la tige était partiellement cassée dans le sens de la fibre de bois et ça faisait anguler la cuiller vers la gauche au moment de l'impact.  Pas longtemps après, nous irions chez Sears à Chicoutimi et Mutt nous achèterait chacun un sac de golf.  Le mien était vert foncé.  J'ai oublié la couleur de celui de DD.  J'ai conservé mon sac vert une bonne dizaine d'années, le remplaçant à 22 ou 23 ans par un beau sac de cuir rouge-vin avec des bâtons en aluminium.  Ce qui  ne m'empêcherait pas de slicer dans les moments les plus inappropriés.  

Un autre souvenir.  Marcel.  Quelques années plus tard.  Pour le championnat du club.  Avait-il 16 ou 17 ans?  Nous étions aller le voir arriver au 7e,  Mutt et moi.   Il était confronté à Jacques Tremblay, lequel devait bien avoir 55 ans alors.  Images qui perdurent dans mon souvenir.

Delhorno

Après avoir été jadis le caddie de Jean-Guy Talbot à Arvida, je fus celui de Marcel lors de ce fameux match.
Anecdote d'un autre ordre: un golfeur au coup de départ unique ( je n'en revis jamais de toute ma vie ) en ce que la balle à la trajectoire    très basse au départ  se mettait ensuite à prendre la direction du ciel, était également renommé pour son caractère bouillant : il at déjà jeté sac et bâtons dans ce lac . De qui s'agit-il ?
André

TROU #7


J'ai connu un homme qui pourrait j'en suis sûr te parler de ce petit par 3, s'il était vivant.  Il travaillait en compagnie de Mutt sur les machines à papier.  «Papermaker»!  C'est ce que répondait mon père quand on lui demandait son métier.  Réal Dumas, c'était le nom de cet homme.  Il avait construit sa maison juste en face du trou #7 sur la 6e avenue, et c'est ce qui lui donna le goût du golf!  Son fils Carl s'en rappelle peut-être.  Mais il était bien jeune.  DD, Léon Bergeron, Mathias Rouleau, certains Delisles, parmi les plus vieux, sont susceptibles de ne pas l'avoir oublié.  Et je suis certain que Léon Dahl s'en rappellerait lui aussi si on lui rafraîchissait la mémoire...

Le 6e trou terminé, nous retournions sur nos pas en longeant le fairway du 6e pour nous rapprocher de la 6e avenue, où se trouvait le tee du 7.  Un par 3.  Quelque chose comme 140 verges, car je choisissais toujours un fer 7.  Donc, tant le tee que le court fairway et le vert étaient bordés à gauche par la 6e avenue.  Sur la droite, il y avait le vert du 6e et l'entrée au vert.  Quelque temps plus tard, les penseurs du club ajouteraient un étang entre le tee et le green pour rendre l'affaire plus difficile.  Je pense que  cet étang était nourri par le ditch qui séparait le fairway du 6e.  Le par 3 #7, dont je n'ai jamais connu l'histoire ancienne, ne vécut pas très longtemps et certainement pas au-delà des années 70.  Il fut éliminé quand on réaménagea les trous #4 et #5 et qu'on ajouta le #6 actuel.

Au temps que je vous parle, c'était une normale facile, dans le sens que, si vous évitiez le hook, le pull et le pull-hook, vous vous en sortiez relativement bien.  Le vert était légèrement concave, le gazon presque toujours parfait.  

Mutt était venu me voir jouer un matin.  Je frappais bien la balle cet été-là.  Quand je le vis me regarder m'élancer avec mon fer #7 à tige de bois, je me dis que je lui donnerais un bon spectacle.  Je frappai la balle avec autorité.  Elle se mit à hooker, atterrit dans la rue et descendit jusqu'au terrain de baseball.  Dieu que j'étais déçu.  Mutt s'approcha:
-Elle était bien frappée, pourtant!  Montre-moi ton bâton.
Il remarqua ce dont je ne m'étais pas aperçu: la tige était partiellement cassée dans le sens de la fibre de bois et ça faisait anguler la cuiller vers la gauche au moment de l'impact.  Pas longtemps après, nous irions chez Sears à Chicoutimi et Mutt nous achèterait chacun un sac de golf.  Le mien était vert foncé.  J'ai oublié la couleur de celui de DD.  J'ai conservé mon sac vert une bonne dizaine d'années, le remplaçant à 22 ou 23 ans par un beau sac de cuir rouge-vin avec des bâtons en aluminium.  Ce qui  ne m'empêcherait pas de slicer dans les moments les plus inappropriés.  

Un autre souvenir.  Marcel.  Quelques années plus tard.  Pour le championnat du club.  Avait-il 16 ou 17 ans?  Nous étions aller le voir arriver au 7e,  Mutt et moi.   Il était confronté à Jacques Tremblay, lequel devait bien avoir 55 ans alors.  Je revois encore  les images... 

Delhorno

Après avoir été jadis le caddie de Jean-Guy Talbot à Arvida, je fus celui de Marcel lors de ce fameux match.
Anecdote d'un autre ordre: un golfeur au coup de départ unique ( je n'en revis jamais de toute ma vie ) en ce que la balle à la trajectoire    très basse au départ  se mettait ensuite à prendre la direction du ciel, était également renommé pour son caractère bouillant : il at déjà jeté sac et bâtons dans ce lac . De qui s'agit-il ?
André


  
  

jeudi 8 décembre 2011

CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUX NEUF-TROUS. TROU #6

C'était le seul par 5 du vieux neuf.  Il ne reste aucune trace du tertre d'alors, lequel surplombait tout le terrain et permettait une belle vue du vieux Port-Alfred.  Il y a cette route qui monte le long du fairway du #6 d'alors, qui est devenu le #16 de maintenant.  Le tertre a sans doute été emporté lors de la construction de la route.  Il était situé, me semble-t-il, devant la dernière maison en montant, celle que Mutt voulait acheter pour y prendre sa retraite.

A tout évènement, il fallait driver vers le bas de la butte , en direction du vert, qui est toujours situé au même endroit qu'il y a soixante ans, c'est-à-dire à côté du tee du #4.  Il y avait un autre «ditch», longitudinal celui-là.  Il existe encore, canalisé et enterré sur tout son parcours.  Il coupait en deux le fairway.  Evidemment, il y avait pénalité si on y «amerrissait».  L'idée était d'atteindre le vert en deux coups...  Mais ceci n'arrivait que rarement, car les Ecossais l'avaient construit surélevé, exigu, dur et difficilement atteignable.  Tout le fairway du vieux #6 était bordé sur sa gauche par un «out of bonds» et la 6e avenue.  Donc, un par difficile, tant pour les hookeux que pour les sliceux, ces derniers se réveillant à répétition sur le fairway du #4.  Les gros cogneurs adoraient ce trou; encore fallait-il qu'ils frappassent droit.

En quelle année Ville de la Baie prolongea-t-elle la 6e avenue en direction de l'usine d'aluminium?  Peu m'en chaut...  mais il faut bien dire que des changements majeurs s'en suivirent sur cette partie du Vieux-Neuf. On dut déplacer le tertre dont je vous parlais et réaménager la portion supérieure du parcours.

C'est lors des étés subséquents que Mutt fit son apparition sur le terrain de golf.  Le Vieux-Neuf avait changé.  Il venait stationner son auto en haut de la 6e avenue, regardaient ses trois fils driver sur le tee du nouveau 6 et ainsi de suite jusqu'au départ du #8.  Arrivés à la maison, nous avions droit à son humour et ses sarcasmes.  C'est quand même un de mes bons souvenirs.  J'ai toujours pensé qu'il y était heureux.  Mutt ne disait pas «jouer au golf» comme nous autres; il disait plutôt «jouer au goff».  




Samedi le 10 décembre 2011


Je salue la créativité de Claude de nous faire jouer au golf virtuellement.  La retraite et la sable chaud favorisent certainement la vagabondage de l’esprit.  En fait cela me fait un peu peur. Si mon frère André dit que j’ai toujours des plans de nègre,  que sera la retraite? Pauvre Loulou…

Je n’ai pas utilisé souvent le tertre obligeant de traverser la coulée pour le #4. Je ménageais mes balles. Trouver une balle sur le Club de Port-Alfred tenait du hasard. Il fallait marcher dessus! Combien j’en ai trouvé de cette façon! Le terrain n’était pas les terrains manucurés d’aujourd’hui.  Quoique le golf d’Arvida était vraiment beau pour l’époque.

Le 4 était un long par 5 en montant tout le long. La grande épinette ne posait pas de problème en général,  même pour le « sliceux » que j’étais et que je suis encore. Je visais la coulée…

Même si j’ai une mémoire plus fraîche (voir courriel sur la Météor) je n’ai pas de souvenir du vieux terrain. Seulement des changements car mes premiers pas au golf  en étaient témoins.

Le 5 était un par 3 en descendant dans une allée bordée de peupliers faux tremble, ces arbres qui n’ont pas grand-chose pour eux : laids et inutiles en plus de produire des orages de mousse blanche au printemps.   J’avais failli faire un trou d’un coup grâce à un bond favorable  justement sur un de ces peupliers.

Pas beaucoup de chose à dire sur le 6. Une pente vraiment forte, on voyait à peine le drapeau et encore moins où la balle tombait. Parfois une belle surprise nous attendait en arrivant au vert.

Le 7 , parfaitement parallèle au 4 descendait tout le long et la « drive » pouvait rouler longtemps. Un par 5 plus facile. Vous souvenez-vous de la dernière maison à gauche au bout de la rue? D’allure moderne, toit plat,  cubique, je l’avais visité  avec Roland. Il voulait l’acheter. Il l’a trouvait vraiment belle. Beau garage! Roland avait ses projets mais Lucille l’avait refroidi. J’imagine qu’il s’est a couché sur le ventre et cela avait fini par passer.  Marcel n’est pas tombé loin de l’arbre… mais lui,  doit dormir sur le dos.

J’étais surtout,  je pense, un bon « caddie ». On se valorise comme on peut.  J’ai « caddé » Georges Abraham, énorme messire, pas de cou, mais qui était d’une générosité.  L’art de « cadder » est de bien connaître le terrain, de connaître l’éthique du golf et de se faire discret.  Pendant un été,  j’ai « caddé » pour un type qui m’amenait même à ses tournois à Arvida et à Chicoutimi.  Ma mémoire fraîche fait défaut, j’ai oublié son nom.

Toutefois , mon meilleur souvenir de « caddie » l’a été en « caddant » mon frère André…

La liste de Loulou est longue à l’approche de Noël,

La suite demain…

Gilles Dufour



CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUX NEUF-TROUS. TROU #5

TROU # 5

En restent-ils qui respirent encore et qui sont susceptibles de se rappeler de ce trou?  DD doit s'en rappeler, j'en suis pas mal certain.  Mathias Rioux et Léon Bergeron?  Probablement.  Marius et Michel Delisle?  Peut-être...  Marcel était trop jeune, mais je puis me tromper.  Certain que Gilles et Chantal ne peuvent se rappeler de ça...

Il s'étendait sur l'épaulement, sur le contrefort du plateau baieriverain où l'on aménagerait, deux décades plus tard, le deuxième neuf.  C'était le trou le plus éloigné du chalet.  Il s'alignait d'est en ouest, était bordé à sa droite par un bosquet le séparant du trou #4 et du grand par 5.  Sur sa gauche s'étalait un pacage en friche où il ne fallait pas driver, pour ne pas dire dériver...  On ne voit plus son tertre de départ de nos jours; il était localisé à cent pieds à l'est du tertre actuel du trou #5.  Le fairway penchait vers la droite du début jusqu'à la fin, ondulant sans cesse.  C'était un court par 4: pas plus que 270-280 verges.  A 50 ou 60 verges du vert, il y avait un «ditch» où s'égaraient sans cesse les balles des golfeurs malchanceux.  Un(e) slice se soldait par une balle perdue, soit dans le bosquet, soit dans le ditch, lequel était plus large et rempli d'aulnes sur la droite.  Le vert était le plus difficile du terrain de golf: petit, très petit, vallonné, penchant vers l'est et le nord à la fois.  Il ne pardonnait aucune erreur.

J'entends encore les vieux golfeurs baieriverains s'exclamer:
-Ce trou est mal fichu, mal pensé
-Ça n'existe nulle part ailleurs un trou pareil
-On devrait le faire disparaître

Effectivement, le trou #5 disparut dans le néant, remplacé par de nouveaux trous prétendument mieux planchés et assurément (?) mieux adaptés au golf moderne...  En tout cas, c'est ce qu'on pensait.  Moi, je l'aimais bien.  Je trouvais que c'était le trou le plus pittoresque du club de Port-Alfred.  Personne ne m'a plus jamais reparlé du vieux trou #5...  Faut dire que les morts ne parlent guère.

Delhorno 

   

mardi 6 décembre 2011

CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUX NEUF-TROUS. TROU # 4



LE TROU #4

Pour accéder au 4e trou, il fallait traverser le ravin du trou #3 sur une passerelle de bois qui ne faisait pas quatre pieds de largeur.  De telle sorte que la «coulée» du trois devenait la «coulée» du quatre.  Les golfeurs tournaient à gauche dès le ravin franchi et le tee s'offrait à eux.  Le fairway #4 s'étirait dans l'axe nord-sud, bordé sur sa gauche par le dit ravin qui a été responsable, sur près de 80 ans, des déconfitures d'une myriade de golfeurs...

Une vieille épinette, qui vit encore à l'instant que j'écris, s'imposait à mi-parcours.  Elle est depuis toujours l'emblème du trou #4, sinon son ange tutélaire.  Je la considère comme une vieille amie et la salue toujours avec émotion, même si mes visites port-alfrédiennes sont devenues rarissimes.  Les golfeurs baieriverains s'estimaient satisfaits s'ils avaient drivé au-delà de l'épinette.  

Il ne reste plus de trace du vert original.  Je sais cependant où il se trouvait, car j'ai travaillé à sa relocalisation l'été de mes vingt ans.  C'était un vert carré, difficile d'accès car partiellement caché par l'épinette dont je vous ai parlé et adossé à un bosquet de peupliers faux-trembles, de sapins et d'épinettes.  Le trou #4 a toujours été le trou le plus difficile du terrain de golf de Port-Alfred et l'est encore.

Car il ne fallait pas «hooker» sur ce trou, sinon vous étiez perdu!  Le ravin ne pardonnait rien, pas même une erreur minime.  Que de parties fichues sur ce trou, où inexplicablement je ne sliçais plus.  Nous étions trois frères...  Nous aimions jouer un neuf vers 5h ou 5h30 au mois de juillet.  Le trou #4, c'est celui où l'un d'entre nous (DD) perdait la parole, habituellement.  Pas besoin de grandes explications...  Nous savions pourquoi il était devenu muet, nous savions qu'il se remettrait à parler, soit après le match, soit après quelques pars d'affilée.

L'été de mes vingt ans, la Consol m'engagea comme étudiant et me commit au terrain de golf.  On avait décidé de déplacer le vert #4 et de construire tout à côté un par 3 et un par 4, démarche qui permettait d'éliminer le court trou #5 et le par 3 #7, dont je parlerai ultérieurement.  Il nous fallait découper des rectangles de gazon mesurant 2'x 3' x 4", les déplacer manuellement sur le vert nouvellement constitué du trou #5.  C'est là qu'il me fut donné de connaître monsieur Isoland Claveau de St-Félix d'Otis.  J'aimai cet homme simple et droit, au parler de stentor.  Il me faisait rire.  Me criait de faire attention aux blessures.  Je  ne l'ai jamais revu.

Le trou terminé, les golfeurs prenaient une sente dans le bosquet précédemment décrit et, une marche de quelques minutes, parvenaient au tee #5. 

Delhorno

Dans mon souvenir , il y avait 2 tertres de départ au trou #4 : celui que tu décris et un autre du côté du trou # 3. Il fallait traverser la coulée et heureux celui qui pouvait frapper un crochet de droite à gauche plutôt que l'inverse. Lors des tournois , les 2 départs étaient utilisés.
André

Le trou #4 - Prise 2
Le trou #4 a été la scène d'un exploit peu banal survenu  il y a d fort  longtemps : la mort d'une corneille atteinte  par un coup de départ d'une rare précision. Question pour les vieux : qui en est l'auteur ?
André



lundi 5 décembre 2011

CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUX NEUF-TROUS. TROU #3


LE TROU #3

Je ne te parlerai que du vrai #3, l'original, celui que j'ai arpenté petit garçon et qu'on a complètement remanié sinon dénaturé au début des années soixante, en autant que ma mémoire soit intacte.  Celui auquel DD et moi avons livré bataille entre 1956 et 1960.  

Au sortir du vert #2,  nous marchions vers de grandes épinettes, là-bas, à l'ouest, à près de cent pieds.  Le tee s'y trouvait.  Tout petit.  Le gazon n'y poussait jamais bien, car ces grands conifères s'appropriaient tout le soleil.

Le fairway se déroulait  du sud au nord, alignement qui n'a point changé à l'heure que je t'écris. Tout le côté gauche était gardé par ce que les vieux appelaient une «coulée».  On entendait dire: 
-Il a drivé sa boule dans la coulée du trois, il était en beau sacrament!
-Il a perdu deux balles dans la coulée du trois et y a cr... tout son sac de golf.

En fait, on aurait dû dire «le ravin du trois»  et une «balle» plutôt qu'une «boule».  Tu avoueras quand même, mon cher Gibus, que dire «boule de golf» comporte un certain charme.

Moi, ça m'aura pris cinquante ans à savoir que la coulée du trois, ça n'existe pas.  C'est un RAVIN qui s'y trouve.  Rien n'a jamais coulé dans le ravin du trou #3.  Il y descend, certes, depuis des temps immémoriaux, un ruisselet sans nom,  mais personne n'y a jamais pu observer une coulée de lave comme sur la grande île d'Hawaïi ou une coulée de neige comme dans les Hautes Alpes.  Ce que le ravin du trois a plutôt vu,  trop souvent, ce sont des balles mal frappées, cherchées par des golfeurs impatients ou enragés et des caddies nerveux et timorés.  Ce n'était très bon pour la réputation d'un caddie de faillir à retrouver les balles perdues de son patron!

Le trou #3 s'est avéré un cadeau du ciel pour les sliceux tels que moi.  Car il pardonnait à peu près toutes les sortes de slices!  Je retrouvais donc ma balle sur le fairway du #2, d'où je pouvais voir le vert et l'atteindre...  à condition de ne pas slicer le deuxième coup!  En effet, le vert de cette époque était logé à gauche d'un autre ravin qui descendait en direction des terrains de tennis et de la rivière à Mars.  La balle devait traverser le fairway du trou #8 afin d'atteindre le green. 

Autrement dit, le trou #3 du Vieux-Neuf de Port-Alfred était une réplique du Charybde et Scylla d'Homère et des Anciens.  Vous pouviez manquer votre par en drivant dans le ravin de gauche ou en sliçant votre deuxième coup dans le ravin de droite aux abords du vert. 

C'est sur ce trou que je réussis mon premier birdie, celui qu'on n'oublie jamais.  Lors d'un tournoi de caddies.  Je «chippai» ma boule dans le trou avec Fernie, un fer #11 que nous avait donné notre oncle Fernand.   Encore aujourd'hui, je la vois tomber dans le trou devant mon regard ébahi.  Le tournoi était chaperonné par Georges Michaud, qui était assistant-pro cet été-là, -il fut l'un des plus brillants golfeurs saguenéens de sa génération- et qui ne crut pas, à prime abord, que j'avais pu réussir l'exploit.    

Delhorno


Bonjour,

Je répond avant que la partie de golf ne soit rendue trop loin.

Je n’ai jamais aimé le golf, trop long, trop sérieux, trop de ci, trop de ça… ou tout simplement  parce que j’avais un talent limité. Par contre, j’aimais la compagnie.

Lucille me forçait à y aller. Elle ne voulait pas que je bizounne dans la maison tout l’été.  Tout comme elle me forçait à aller à la piscine. Elle m’accompagnait et demandait à une monitrice de s’occuper de moi. Si on n’oublie pas son premier birdie je n’ai jamais oublié non plus cette gentille et jolie monitrice à la … qui me prenait dans ses bras pour me promener dans l’eau, me supporter  le dos et m’encourager.

Pour accéder au tertre #1 il fallait monter toute une pente. On y arrivait tellement essoufflé que cela affectait la première drive. Étant un « sliceux » invétéré, je me suis toujours ramassé en bas à droite. Pas si pire car l’accès au vert y était acceptable.

Sur le tertre du # 2, il y avait cette clôture jaune, très haute, sur 2 côtés pour mettre les golfeurs à l’abri  des cretons qui auraient   pu topper leur 2e coup et  du coup en assommer un. J’ai revu ce jaune à profusion dans les usines car c’était la couleur officielle des garde-corps. Il fallait driver sur la butte et ainsi voir le vert. J’y ai rarement accéder de sorte que je frappais dans la pente, les pieds comme dans un escalier et vous devinez la suite… La pente douce n’avait de douce que le nom. L’herbe très longue et très pentue.  Presqu’impossible de trouver une balle ni dessus , ni au pied en bas à droite, encore moins de la frapper. Le rough à Port-Alfred était vraiment rough… C’était la misère comparativement à aujourd’hui où tout est plus facile.

Et le # 3? Un tertre enfoncé dans une  allée étroite, combien difficile d’en sortir. Le 3 était plus glaiseux que les autres, sans compter les pissenlits et autres mauvaises herbes. La misère à comparer avec le moelleux d’aujourd’hui… Il descendait tout le long et heureusement rouleux..

J’ai hâte d’arriver au #7, où André avait….

Gilles

Faut croire que le golf était un sport d’anglais avec tous ces termes empruntés.

Faut croire que les  gens de Bonaventure … croire que la démocratie… croire que…


dimanche 4 décembre 2011

CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUX NEUF. TROU #2

Je dois à ce trou d'avoir appris l'expression «dog-leg».  Les vieux joueurs baieriverains disaient «dogslegs» en prononçant les «esses».  Un fairway coudé, vallonné, virant vers la gauche et vers le sud.  Le tee de mes douze ans était localisé au sortir du vert #1, collé comme un timbre-poste sur ce mamelon qui jouxtait les  grands peupliers. Il fallait viser au bas et à droite de «LA PENTE DOUCE», une colline en friche qui n'avait son utilité qu'en hiver, pour les amateurs de sports de glisse.  La Pente Douce, le nom le dit, penchait vers la rivière à Mars, était gardée et l'est encore par d'immenses peupliers que j'imaginais millénaires eux aussi et qui jetaient partout, sans vergogne, leurs milliers de feuilles jaunasses et leurs milliers de fruits vermiculaires.

Il fallait donc driver, dis-je, au bas de la Pente Douce, avec un draw idéalement, exploit que ne pouvaient se permettre que les mieux nantis, ceux que le Ciel, dans l'utérus de leur mère, avait mieux aimés.  Vous aviez alors une belle chance d'accéder, avec un fer court,  à ce green cauchemardesque, exigu, dur la plupart du temps et caché à l'orée de la forêt domaniale.  Nous disions «green» dans les années cinquante, et c'était comme normal.  La Révolution Tranquille eut son effet sur les terrains de golf aussi.  Après 1965, nous commençâmes à utiliser le vocable «vert».

Les sliceux de mon espèce voyaient leur balle fuir trop à droite, vers la rivière à Mars, et s'éloigner du par en progression géométrique !  Une des particularités de ce trou était que vous ne frappiez jamais la balle avec un stance plat.  Votre poids penchait toujours vers l'un ou l'autre des points cardinaux.  J'envierai cinquante ans plus tard les Montréalais qui passent une vie à jouer leur golf sur des terrains plats.    

La Pente Douce et la forêt qui entourait le vert #2 étaient des cimetières pour balles égarées et un paradis pour les revendeurs de balles de seconde main.  Eh oui!  Ce métier avait ses entichés en cette époque aussi.   Le golfeur médiocre que j'étais perdit maintes fois  son calme intérieur sur le vert #2.  Imaginez!  Un double sur le #1, un bogey sur le #2, déjà plus trois après deux trous...  Il fallait aimer le golf.  Il fallait vivre d'espoir...  Quarante plus tard, le hasard mettra devant mes yeux ces vers de Paul Eluard qui m'expliqueront tout:

LA NUIT N'EST JAMAIS COMPLETE
IL Y A TOUJOURS
PUISQUE JE LE DIS
PUIS QUE JE L'AFFIRME
AU BOUT DU CHAGRIN
UNE FENETRE OUVERTE
UNE FENETRE ECLAIREE
IL Y A TOUJOURS UN REVE QUI VEILLE

Delhorno

samedi 3 décembre 2011

CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED. LE VIEUX NEUF. TROU #1


TROU #1

C'est évidemment sur le trou #1 que tout a commencé!  Nous venions à pied de la 5e avenue et montions la 4e rue jusqu'au chalet.  Celui-ci nous intimidait...  Nous osions à peine le regarder.  Il nous fallait ensuite escalader une colline pour atteindre le «tee» ou tertre de départ, lequel était exigu comme un timbre-poste.  Le rebord gauche du «fairway» était séparé du pacage des Tremblay Romaine par une clôture de billes de cèdre.  Le pacage, cimetière de balles perdues, était «out of bonds».  J'emploie le terme «pacage», mais à vrai dire, je n'ai jamais vu une vache fréquenter ce terrain dont la vocation, à tout le moins, resta obscure pendant plus de vingt-cinq ans.  Dieu qu'il était difficile d'y retrouver ses balles.  Le rebord droit du fairway était plus ou moins virtuel, se mariant avec le fairway du trou #9.  Quelques années plus tard, le club 4-H de Port-Alfred fut mandé pour reboiser certains endroits du terrain.  Ces gros érables qui séparent maintenant les trous #1 et #9 et dont le passé a été oublié ont été plantés par les 4-H à la fin des années 50.  A la marque de 200 verges, il y avait un ruisselet qui traversait le fairway de gauche à droite.  Les balles y étaient souvent injouables et c'est à cet endroit précis que nous apprîmes la signification des mots «ground under repair».  L'oncle Fernand appelait cette mini-tranchée un «ditch», vocable que je n'ai jamais oublié, qui me suit comme un réflexe de Pavlov sur toutes les allées de golf et me revient instantanément quand il le faut.   

Le rebord gauche du vert longeait la clôture de bois de cèdre, de sorte que le moindre «hook» et le moindre «pull» étaient sanctionnés sévèrement.  La droite du vert était gardée par d'énormes peupliers dont les racines déformaient la topographie du gazon.  Je me disais qu'ils poussaient là depuis la nuit des temps et nous faisaient réfléchir sur l'après-dix-huit...  On les a coupés il y a quelques années.

J'ai été un «sliceux» la majeure partie de ma jeunesse, sans savoir pourquoi.  J'en étais humilié.  J'étais jaloux des «hookeux» et de ceux qui avaient un «draw» naturel.  J'aurais eu besoin d'un mentor, d'un coup de main, d'un enseignant.  Ça n'existait pas en ces temps-là.  Ma drive se réveillait la plupart du temps sur le fairway #9, d'où le par était à peu près impossible à obtenir.  Je fus donc sur le trou #1 un spécialiste du «bogey» et du «double-bogey».

DD et moi vécûmes notre grosse part de désillusions sur le trou #1...  Commencer une partie de golf avec un double-bogey ou un triple demandait un ajustement mental d'importance et un énorme travail sur soi-même!

J'eus cependant mon heure de gloire sur le vert #1 un de ces soirs où l'on s'en attend le moins.  J'avais quitté Port-Alfred depuis plusieurs années.  Un tournoi de golf pour quatuors: notre capitaine était un Harvey d'Alma.  Le deuxième, Michel Simard, l'ex-as-lanceur de l'équipe de baseball de mon patelin.  Le quatrième, Julien Côté, notre ex-voisin de la 5e avenue.  J'évoluais comme troisième homme.  Mon jeu avait été très ordinaire toute la journée.  Nous étions en prolongation.  Trois équipes et trois longs putts pour le birdie.  Nous nous disions qu'aucune équipe ne calerait son putt.  La première équipe manqua son oiselet.  La deuxième, paradoxalement, le réussit.  Nous avions un coup roulé de plus de trente pieds à caler pour rester en vie.  Mes trois coéquipiers visèrent à gauche de la coupe et manquèrent le putt.  Moi, depuis mes dix ans, je savais que le vert #1 penchait du côté de la rivière à Mars et que,  d'où nous étions,  il fallait viser à droite du trou.  Je calai ce roulé!  Nous finîmes deuxièmes!
Ironie du sort,  j'avais été le seul à gager sur son équipe placée deuxième...  Je retournai à Chicoutimi avec la totalité de la cagnotte!  Plus de mille dollars.  Voilà!

Delhorno





mardi 29 novembre 2011

LE CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED: THE OLD COURSE

T'a-t-on jamais avoué, Gibus, qu'il n'y a jamais qu'un terrain de golf qui compte, dans la vie d'un golfeur, et qu'il n'y en aura jamais qu'un seul: celui de son enfance et de ses jeunes années, celui, le seul, qui puisse témoigner des premiers pas,  des premiers drives, des premiers putts, du premier birdie et des premiers foursomes.  Ce terrain-là,  on ne l'oublie jamais.  Il vous suit partout dans le monde.  Et quand on est seul avec soi-même, c'est ce terrain qu'on revoit avec les yeux de ses dix ans.

Moi, mon terrain de golf, c'est le vieux neuf-trous de Port-Alfred.  Port-Alfred ne s'appelle plus Port-Alfred aujourd'hui.  Les édiles d'une certaine époque, amalgamant les villes originelles de Grande-Baie, Port-Alfred et Bagotville, ont choisi comme patronyme le plus petit dénominateur commun: VILLE DE LA BAIE, vocable sans lustre, sans saveur et sans odeur.  VILLE DE LA BAIE est un arrondissement de la grande cité de SAGUENAY, un autre vocable de type plus petit dénominateur commun à connotation politico-politique.  Evidemment, Gibus,  je n'y peux rien.  Le vieux neuf-trous de Port-Alfred se trouve de nos jours imbriqué dans un nouveau dix-huit qui ne manque pas  de panache et qui s'étale sur deux altitudes: l'inférieure et la supérieure!  Tu pourras retrouver les neuf trous originaux sur le niveau du bas.    

C'était un neuf à l'écossaise, construit sous l'égide des patrons anglo-écossais de la Consolidated Paper, à l'époque où celle-ci remit en marche les installations papetières de J. Alfred Dubuc.  J'ignorais à l'époque que le Neuf-Trous de Port-Alfred avait un frère jumeau...  Ce n'est que quarante ans plus tard, en compagnie de Paul Hayes, que j'aurai l'occasion de rencontrer ce jumeau: à Grand'Mère, sur la rivière St-Maurice,  un beau vendredi de juillet.  J'avais le sentiment curieux d'avoir déjà joué ce terrain de Grand'Mère, ce qui n'était pas le cas, évidemment.  La Consol avait déjà pignon sur rue à Grand'Mère quand elle reprit les actifs de monsieur Dubuc à la Baie des Ha! Ha! et manda pour construire le terrain de Port-Alfred les architectes qui avaient présidé à la construction de celui de Grand'Mère.  

Port-Alfred Golf Club, «The Old Course», comme l'a si bien écrit mon frère Marcel.  Ce fut le terrain de mes oncles Fernand et Raymond, ainsi que celui de Mutt, mon père.   Ceux-ci, il faut le mentionner, furent des premiers canadiens-français à jouer au golf à Port-Alfred.

Petite capsule historique, que je tiens de mon père:  Mutt se préparait à driver un matin des années trente quand il aperçut son père François qui peinait à rapporter le lait de sa vache qu'il venait de traire.  Mutt laissa son sac sur le tertre de départ et courut l'aider.  François Dufour Bédais devait décéder peu après.  Cancer de l'estomac.  J'ai su plus tard que notre grand-père, peu auparavant, avait été opéré à l'Hôpital Notre-Dame,  à Montréal.

C'est à l'été de 1956 que DD et moi, sur le même sac, avec des bâtons en bois achetés de mon institutrice de sixième année, Reine-Marguerite Bergeron, débutâmes nos carrières de golfeurs.  On permettait aux juniors de jouer le matin seulement car les adultes ne jouaient pas au golf le matin ces années-là.  Sauf quelques touristes et de rarissimes professeurs en vacances.  La saison débutait en juin et vers la mi-août on ne voyait plus grand'monde sur le terrain.  Pas de technique, pas de professeur, pas de champ de pratique.  Nous répétions nos erreurs, apprenant le golf sur le tas, avec tout ce que cette bonne vieille expression connote...  

Delhorno    

vendredi 25 novembre 2011

CHAQUE MOT A SON HISTOIRE...

Au milieu des années cinquante, la bibliothèque du collège St-Edouard tenait dans une seule classe, celle de Versification. Peu d'élèves au cours classique alors, et bien peu d'élèves en Versification, ce qui laissait beaucoup de place pour les étagères métalliques grises de la bibliothèque.

C'est cet univers qu'il me fut donné de découvrir; j'avais dix ans à peine. Le premier livre que me prêta le frère Fernand s'intitulait LE ROMAN DE RENART. Je le dévorai en une soirée et revins le lendemain emprunter d'autres bouquins, manège qui dura jusqu'à mon départ de Port-Alfred. Je lisais dans l'escalier qui donnait accès au deuxième étage de la maison familiale. L'escalier faisait un détour sous une fenêtre regardant le nord-ouest. C'était une sorte de no-man's-land où personne de la maisonnée ne s'attardait vraiment. Quelques années plus tard, j'avais à peu près tout lu ce que la bibliothèque du collège St-Edouard pouvait offrir.

Ma bibliothèque recelait une collection de romans d'aventure qui m'attirait particulièrement. Je n'ai jamais oublié le nom de son auteur: LÉON VILLE. Un souvenir en attire un autre... Ce midi-là, je tombai sur un livre intitulé, je pense, LES TRIBULATIONS D'UN HERITIER. Il s'y parlait, dès le premier paragraphe, d'un CODICILLE. CODICILLE... Un mot jamais vu, jamais entendu auparavant. L'oncle de l'héritier avait ajouté un codicille à son testament. Larousse -«JE SEME À TOUT VENT»- vint à mon aide. Sans que vraiment je ne le désirasse, le vocable s'incrusta dans mon cerveau pour toujours...

On ne sait jamais ce que réserve l'avenir.

En 1962, on me sélectionna pour faire partie de l'équipe GENIES EN HERBE du Petit Séminaire de Chicoutimi. Les concours se tenaient à la radio de CBJ. Il y avait là Roland Veilleux, aujourd'hui décédé, et Camil Ménard, entre autres. Ce soir-là, le concours tirant à sa fin, l'animateur, monsieur Quenneville, proposa la définition du mot CODICILLE. Personne ne put répondre. Sauf moi. CODICILLE, je savais depuis quelques années, depuis la bibliothèque du collège St-Edouard, ce que ça signifiait. L'équipe du Petit Séminaire sortit grand vainqueur du concours et je ne fus pas peu fier de ma contribution. CODICILLE. Un mot qui pour moi a son histoire.
Delhorno

jeudi 17 novembre 2011

LA PROMESSE DE L'AUBE: pour te reposer, Gibus, des politiciens à la ceinture fléchée...




«Vague et lancinant , tyrannique et informulé, un rêve étrange s’était mis à bouger en moi, un rêve sans visage, sans contenu, sans contour, le premier frémissement de cette aspiration à quelque possession totale dont l’humanité a nourri aussi bien ses plus grands crimes que ses musées, ses poèmes et ses empires, et dont la source est peut-être dans nos gènes comme un souvenir et une nostalgie biologique que l’éphémère conserve de la coulée éternelle du temps et de la vie dont il s’est détaché. Ce fut ainsi que je fis connaissance avec l’absolu, dont je garderai sans doute jusqu’au bout , à l’âme, la morsure profonde, comme une absence de quelqu’un. Je n’avais que neuf ans et je ne pouvais guère me douter que je venais de ressentir pour la première fois l’étreinte de ce que, plus de trente plus tard, je devais appeler «les racines du ciel», dans le roman qui porte ce titre. L’absolu me signifiait soudain sa présence inaccessible et, déjà, à ma soif impérieuse, je ne savais quelle source offrir pour l’apaiser. Ce fut sans doute ce jour-là que je suis né en tant qu’artiste; par ce suprême échec que l’art est toujours, l’homme, éternel tricheur de lui-même, essaye de faire passer pour une réponse ce qui est condamné à demeurer comme une tragique interpellation.

...Le goût du chef-d’oeuvre venait de me visiter et ne devait jamais plus me quitter.

Romain Gary, LA PROMESSE DE L'AUBE

AVANT-PROPOS


Voici le troisième tome de mon blogue. Le premier s’intitulait «EN DECOUDRE AVEC GIBUS ET McPHERSON; le deuxième, «ON NE PEUT PAS ETRE HEUREUX TOUT LE TEMPS»: titre plagié d’une autobiographie de Françoise Giroud; ce troisième tome se nommera: «L’ECRIRE POUR LE DIRE»; ce titre vient de moi, quoique je lui trouve un relent de plagiat avec celui des mémoires de Gabriel Garcia Marquès: «VIVIR PARA CONTARLA».

Pourquoi «le dire en écrivant»? D’abord par plaisir, je pense. Le plaisir tout cérébral de mettre en ordre des idées, de les codifier dans la langue de sa mère, de rechercher la formule heureuse sinon originale, de cerner les tentatives de fuite de dame Vérité. Pour un lectorat, ensuite. Le mien, à vrai dire, est fort limité: quelques amis, celle qui ne m’a jamais quitté depuis un demi-siècle, mais surtout, -elles se connaissent très bien- les trois personnes les plus importantes de ma vie. Peut-être, finalement, et fort probablement, parce que l’écriture sied davantage au cerveau qui m’est venu avec la vie.

Je publie à compte d’auteur, ce qui m’a laissé la plus vaste des libertés. Ne devant rien à personne, n’ayant courbé la tête en aucun moment, j’ai pu m’offrir le plus luxueux des privilèges: opiner, prendre parti, raconter, selon mon bon vouloir. Sans compter que mes mains ont fait l’entièreté ou presque de ce cahier: la typographie, la mise en page, l’imprimerie et la distribution. Aussi, lecteur, m’est-il loisible de t’offrir, en contrepartie, des privilèges équivalents: ceux de ne pas me lire, de ranger à jamais mon livret, voire même de le soumettre à la récupération.

Août 2010
Delhorno

L'ECLAIRCIE


Ce qui est beau, ce qui élève,
Ce n’est pas la célébrité.
Il ne faut pas ouvrir d’archives
Ou trembler sur de vieux papiers

Créer veut le don de soi-même,
Non le tapage ou le renom.
Honte à qui n’est rien par lui-même
D’être connu comme un dicton.

Vis donc sans usurper de place
Mais de manière à, pour finir,
Attirer l’amour de l’espace,
Entendre appeler l’avenir.

Et s’il faut laisser des lacunes,
Que ce ne soit dans tes papiers,
Mais en sacrifiant quelques-unes
Des pages de ta destinée.

Il faut te plonger dans l’oubli
Pour y dissimuler ta route
Comme un site dans les replis
Du brouillard quand on n’y voit goutte

D’autres, selon ta trace fraîche
Suivront ta route, pas à pas,
Mais entre victoire et défaite,
Le départ ne t’appartient pas.

Et tu dois garder ton visage,
Ne pas t’en écarter d’un brin,
Être vivant, pas davantage,
Vivant, c’est tout, jusqu’à la fin.

Été 1956

Boris Pasternak

A DREAMER

ARTHUR GUITERMAN
He is a dreamer, let him pass
He reads the writing in the grass His seing soul in rapture goes Beyond the beauty of the rose. He is a dreamer, and doth know To sound the furthest depth woe; His days are calm, majestic, free; He is a dreamer, let him be.

He is a dreamer; all the day
Blest visions find him on his way; Past the far sunset, and the light, Beyond the darkness and the night. He is a dreamer; God to be,
Apostle of infinity,
And mirror touch’s translucent gleam. He is a dreamer, let him dream.

He is a dreamer; for all the time
His mind is married unto rhyme, Light that ne’er was on land or sea Hath blushed to him in Poetry.
He is a dreamer, and bath caught Close to his heart a hope, a thought, A hope of immortality;
He is a dreamer, let him be.

He is a dreamer, lo! with thee
His soul doth weep in sympathy;
He is a dreamer, and doth long
To glad the world with happy song.
He is a dreamer; in a breath
He dreams of love, and life, and death. Oh, man! Oh, woman! lad and lass

He is a dreamer, let him pass.

lundi 14 novembre 2011

LAURENT LEZARD, UN ETRANGE ATHLETE

Le bonheur est un état transitoire qui souvent tient à peu de choses... Le bonheur ne serait même qu'une miette, si j'en crois ma fille, la Chercheuse Verticale. 
Cet après-midi, retranché au côté sombre du Condo Once, j'ai sorti Alto, mon saxophone et grand ami. J'ai souvent dit qu'il était mon meilleur médicament, Plavix excepté... J'ai donc commencé à faire mes gammes, puis rejoué pour la énième fois les deux pièces de Mozart que je préfère dans ce cahier que je traîne un peu partout depuis 1965.

J'étais parti dans une autre planète quand je le vis sur le haut de la page de musique de Wolfgang: un athlète de deux pouces de long pour qui la gravité ne représentait aucun problème. Son regard me parut extatique: Laurent Lézard adorait Mozart ainsi qu'Alto, mon saxophone. Il resta planté là, une, peut-être deux minutes, le temps que je termine le morceau et que j'entame le second. Ne cessait de me regarder. Il se résigna à sauter par terre quand je dus tourner la page. Un saut extraordinaire en ce qui me concernait, car je me serais sûrement brisé les deux hanches et les deux genoux si, tout considéré, j'eusse tenté de rééditer un tel exploit.
Les mots suivants se mirent alors à résonner dans ma tête: Caraïbes, Playa del Encuentro, Saxophone, Mozart, Lézard. Quelle association! Quel hasard! C"est à ce moment précis que surgit ma réflexion sur le bonheur.
Vayan con Dios!
Cl.

IT'S A SMALL WORLD



«C’est un ami dont je ne connais pas le nom, et je le connais depuis trop longtemps pour lui demander.» Georges Feydeau

Il y avait au Disney World d’Orlando une attraction intitulée «IT’S A SMALL WORLD». Elle me conquit sur-le-champ, en raison, je pense, de la rengaine qu’on y jouait et que j’entendais pour la première fois. En français, on dit plutôt «LE MONDE EST PETIT». Je me rappelle fort bien avoir visité deux autres fois cette attraction avec les enfants. Existe-t-elle encore? Je l’ignore.

Quel est mon point? Hier soir. Maison de l’OSM dans le Quartier des Spectacles à Montréal. Elle vient à peine d’être inaugurée. Je me demandais comment m’organiser pour aller la visiter quand me vint cette invitation de Denis Boivin. Soirée d’inauguration au profit de la Fondation Québécoise du Cancer. Je sautai sur l’occasion, il va sans dire.

18h30. J’arrive dans le hall d’entrée, paré comme un commis-voyageur: habit bleu-marine, chemise blanche, cravate à l’avenant, souliers vernis et lunettes nettoyées. Tour d’horizon: Johanne et Denis ne sont pas encore arrivés. Je fais halte dans un coin désert de la salle, histoire d’être visible quand mes amis de Dolbeau se présenteront. Là, sur ma gauche, ce gars de la radio et de la télévision! J’étais au Petit Séminaire en même temps que lui. Quel est son nom? La dernière fois que je lui ai parlé, ça devait être en 1965! Bon Dieu! Impossible de me rappeler son nom! J’avise, pas très loin de moi, un gros bonhomme au faciès débonnaire. Il est accompagné, je présume, de son épouse. On ne sait jamais!

-Bonsoir! Quel est le nom de ce personnage des médias que nous apercevons, là, sur notre gauche?
-C’est Jean Pagé!
-Merci mille fois! La dernière fois que je lui ai parlé, c’était au Petit Séminaire de Chicoutimi, en 1965. Nous y avons fait le Cours Classique ensemble.
-Vous êtes de Chicoutimi?
-En effet.
-Mon père lui aussi a fréquenté le Petit Séminaire de Chicoutimi!
-Comment s’appelle-t-il?
-Gilles Morais.
-Mais je le connais!  Nous avons fait médecine à la même époque.  Nous avons même joué au curling dans la même équipe à la faculté.  Ton grand’père s’appelait Lucien Morais, n’est-ce pas?
-Effectivement.

Lucien Morais était, dans les années soixante, Directeur du Département des Terres et Forêts à Chicoutimi. Moi, j’étais 4-H, et nous avions affaire à lui. Gilles Morais avait une soeur, Claudette, infirmière à l’Hôpital du St-Sacrement. Elle travaillait aux urgences, ce soir d’hiver où je m’ouvris le coude en jouant au hockey. Une jolie blonde. Je sus plus tard qu’elle avait épousé Nelson Nadeau, un résident en chirurgie générale qui avait été mon moniteur d’anatomie. Plus tard, Nelson deviendrait chirurgien vasculaire à Notre-Dame; il opérerait Mutt, mon père, et mon oncle Fernand! Voilà donc les souvenirs que j’ai ressassés en compagnie du fils de Gilles Morais.

Ce n’est pas tout!

Le spectacle terminé, je monte au deuxième étage avec mon assiette et ma coupe de vin. Je cherche Johanne et Denis. Voilà que je tombe sur leur fille,  Marie-Hélène, accompagnée de son mari. Small talk. Je leur raconte l’affaire Morais. Marie-Hélène rétorque:
-Gilles Morais, c’est mon médecin de famille, me semble-t-il...

Le lunch était de qualité supérieure. La sonorité de la salle de l’OSM? Merveilleuse! Le quintette débuta sa prestation avec une pièce de Mozart. J’adore Mozart. Je n’ai pas manqué une seule note. Même les partitions de l’alto et du violoncelle! Nathalie Choquette m’a épaté. Merci, Denis!

PS: Jean Pagé s’est évanoui dans la foule et je n’ai pu lui parler.

Claude Dufour
20110916