dimanche 30 septembre 2012

GIL EANES

Au XVe siècle, GIL EANES est le premier navigateur occidental à doubler le CABO BOJADOR, dit CAP DE LA PEUR, situé au large du Maroc occidental.  Pendant deux mille ans, les Européens y ont vu la limite physique du monde.

J'ignorais ça.
Delhorno

samedi 29 septembre 2012

TOLSTOI

«Soudain, il éprouva sur ses épaules en nage une agréable sensation de fraîcheur qu'il ne s'expliqua pas bien tout d'abord; mais, pendant la pause, il s'aperçut qu'un gros nuage noir qui courait bas sur le ciel venait de s'écraser.»

Tolstoi

MILLE SOLEILS SPLENDIDES

«De même que l'aiguille d'une boussole indique le nord, un homme qui cherche un coupable montrera toujours une femme du doigt.  Toujours.  Ne l'oublie jamais, Mariam.

MILLE SOLEILS SPLENDIDES
Khaled Hosseini
p354

ÉPITAPHE DE MOLIÈRE...

Sous ce tombeau gisent Plaute et Térence,
Et cependant le seul Molière y git.
Leurs trois talents ne formaient qu'un esprit,
Dont le bel art réjouissait la France.
Ils sont partis!  Et j'ai peu d'espérance
De les revoir.  Malgré tous nos efforts,
Pour un long temps selon toute apparence
Térence, et Plaute, et Molière sont morts.

...composée par La Fontaine


ÇA NOUS VIENT D'HÉSIODE...

«Celui-là est absolument parfait qui de lui-même réfléchit sur toutes choses.

Est sensé encore celui qui se rend aux bons conseils qu'on lui donne.

Quant à celui qui ne sait ni réfléchir par lui-même, ni, en écoutant les leçons d'autrui, les accueillir dans son coeur, celui-la en revanche est un homme bon à rien.»

HÉSIODE
Cité par Aristote dans l'ETHIQUE À NICOMAQUE

vendredi 28 septembre 2012

SUR LE DEUIL

Je vais ajouter une vérité bien rebattue; tout le monde l'a dite, mais je ne l'écarterai pas pour cela de mon propos.  Toute douleur a un terme et, quand la raison ne l'impose pas, le temps nous y conduit.  Or, pour l'homme de bon sens, dans le chagrin, la manière la plus honteuse de guérir, c'est de guérir par lassitude.  Si tu me crois, laisse la douleur, plutôt que d'être laissée par elle.  Renonce au plus vite à un chagrin qui, même si tu t'y complais, ne pourra durer longtemps.  Nos pères ont prescrit aux femmes un deuil d'une année.  C'était les inviter, non à pleurer tout ce temps, mais à ne pas pleurer plus longtemps.  Pour les hommes, la loi ne prescrit aucun délai, parce qu'aucun n'est séant à la dignité virile.  Eh bien! parmi ces faibles femmes que l'on a eu tant de peine à écarter du bûcher, à séparer du cadavre, montre m'en une dont les larmes aient duré tout un mois.  Il n'y a rien qui rebute plus vite que la vue de l'affliction.  Récente, elle trouve un consolateur, elle s'attire des sympathies; ancienne, elle prête au ridicule, non sans raison: ou elle est feinte, ou elle est folle. 

Sénèque
Lettres à Lucilius
#63

DÉPENSER...

Quand on dépense son argent au bénéfice des autres, on surveille surtout le montant, mais pas autant la façon de dépenser.

Quand on dépense l'argent des autres sur soi-même, on pense surtout à la façon de dépenser, sans trop se soucier du montant.

Et quand on dépense l'argent d'autrui au bénéfice des autres, on ne s'inquiète ni des montants ni de la façon de dépenser.  Ce dernier cas est bien celui des gouvernements.

Milton Friedman

A PROPOS DE DSK

«Comment peut-on supporter d'être un prisonnier de droit commun quand, quelques heures plus tôt, on était l'un des hommes les plus puissants du monde?»

-La roche Tarpéienne est proche du Capitole, dit Michel Lejoyeux...  Il est là l'outrage maximum.

Lu dans Le Figaro

VENANT DE LA CHERCHEUSE VERTICALE

If we sacrifice our honesty and integrity to avoid conflicts and disagreements, we give away the best of what we bring to our relationships


sent to me by LA CHERCHEUSE VERTICALE
Sept. 19th 2012 9h20

MON AMI VICTOR

C'était l'instant funèbre où la nuit est si sombre
Qu'on tremble à chaque pas de réveiller dans l'ombre
Un démon, ivre encor du banquet des sabbats;
Le moment où, liant à peine sa prière,
Le voyageur se hâte à travers la clairière;
C'était l'heure où l'on parle bas!

Victor Hugo

jeudi 27 septembre 2012

LYCÉE LOUIS LE GRAND

«J'ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnent des peines gratuites et infatigables à former l'esprit et les moeurs de la jeunesse.  Depuis quand veut-on que l'on soit sans reconnaissance pour ses maîtres?...  Ils ont pris une soin généreux de mes premières années...  Ils m'ont inspiré le goût des belles-lettres et des sentiments qui feront jusqu'au tombeau la consolation de ma vie.  Rien n'effacera dans mon coeur la mémoire du père PORÉE...  Les heures de ses leçons étaient pour nous des heures délicieuses...  J'ai eu le bonheur d'être formé par plus d'un jésuite du caractère du père PORÉE, et je sais qu'il a des successeurs dignes de lui.  Enfin, pendant les sept années que j'ai vécues dans leur maison, qu'ai-je vu chez eux?  La vie la plus laborieuse, la plus frugale, la plus réglée, toutes les heures partagées entre les soins qu'ils nous donnaient et les exercices de leur profession austère.  J'en atteste, des milliers d'hommes élevés par eux comme moi, il n'y en aura pas un seul qui puisse me démentir.»

Voltaire, 
de ses professeurs du Lycée Louis Le Grand

mercredi 26 septembre 2012

LA FACE CACHÉE DES POLITIQUES PUBLIQUES

«Il faut du courage pour être libre, car un homme libre est nécessairement responsable de ses actes et, surtout, de ses échecs.  Peut-être certains préfèrent-ils un socialisme qui les déresponsabilise et qui transfère à l'État le soin de veiller à leur bien-être et l'obligation de subvenir à leur besoin.  La solidarité sociale n'est qu'un écran qui permet aux individus de n'être jamais confrontés à la véritable cause de leur médiocrité, même si cela implique qu'ils doivent défendre de fausses valeurs, faire des compromis idéologiques et appuyer des démagogues irrationnels et parfois malhonnêtes.»

NATHALIE ELGRABLY
«LA FACE CACHÉE DES POLITIQUES PUBLIQUES»
Les Éditions Logiques 2006


Ça m'a fait penser à l'aphorisme de Thucydide:
«Le secret du bonheur, c'est la liberté; et le secret de la liberté, c'est le courage.»



Delhorno


SÉNÈQUE

«Peux-tu me nommer un seul homme qui sache que le temps a un prix, qui fasse l'estimation de la valeur de la journée et qui réalise qu'il meurt un peu chaque jour?  Là est l'erreur, en effet: nous ne voyons la mort que devant nous, alors qu'une grosse partie de la mort est déjà dans notre dos; tout ce que nous laissons derrière nous de notre existence appartient à la mort.  Fais donc, cher Lucilius, comme tu me l'écris: saisis-toi de toutes les heures.  Ainsi tu dépendras moins du lendemain, pour avoir opéré une saisie sur le jour présent.  La vie court pendant qu'on la remet à plus tard.

LETTRES À LUCILIUS
Livre premier
Lettre I
Sénèque

CHICOUTIMI

A tous ceux qui auront oublié
Qu'on ne voit là-bas
Qu'assis sur les épaules
Des colosses du passé
Et qui osent laisser croire
Que ne se peut bâtir l'avenir
Qu'en sabordant CHICOUTIMI!

Je vous le dis, je vous l'affirme,
Je le proclame et le claironne:
Il se trame une infâmie
En terre de Sagamie.
C'est un «NOMICIDE»,
Un drame toponymique.

On est à occire,
On s'apprête à enterrer,
Presque froidement
Quasi sommairement,
Le plus beau nom de cité,
Le vocable le plus riche
Qui se puisse trouver
Au nord du Rio Grande:
CHICOUTIMI.

C'est Rome qu'on élimine,
C'est Paris qu'on assassine,
Car CHICOUTIMI exista
Du temps que la louve allaitait
Et quand Lutèce n'était
Qu'un ilôt dans la Seine.

La tragédie est intime
Délicate et familiale,
Presque suicidaire,
Voire même incestueuse,
Fratricide et matricide.

La victime,
Ses meurtriers,
Ses fossoyeurs,
Sont de génétique
Identique.
Du même sang.
Tous Saguenéens.
Fils de Marguerite,
Fils du voisin Jean,
Gaulois baieriverains,
Marquis jonquiérois.

Il se sera vu
Dans ce Québec défiguré
Une seule capitale régionale
Qui perdit son ombre
A voir sombrer son nom
Dans une sombre fusion.

LE NOM!
Parlons-en
Puisque c'est là toute l'affaire.
Doit considérer
Le passé montagnais,
Le français présent.
Azurer le lys,
Occulter la rose.
Etre original,
Aimablement répété,
Ni trop long,
Ni trop étroit,
Mais toujours inspirer
Le respect comme la fierté.

VILLE DE LA BAIE...
Pèche doublement.
Trop de simplicité,
Piètre originalité,
Périphrase malheureuse.
Hors Bagotville,
Port-Alfred et Grande-Baie,
N'a jamais rien signifié
Et ne peut faire un nom.

JONQUIÈRE...
Eût pu faire l'affaire!
Beau nom français.
Mais français, justement.
Plagiat de douce France
Cachant un obscur marquis...
Ne semblant dans la balance
Peser tout ce qu'il faut
Pour la nommer à propos.

ARVIDA...
Eût été beau.
Mais américain.
Et trop nouveau.

KENOGAMI...
SHIPSHAW...
LATERRIERE...
CANTON TREMBLAY...
Beaux à leur manière.
Beaux pour certains.
N'englobent point assez.

SAGUENAY...
Quoique montagnais,
Trop embrasse!
Montre plutôt
Le pays, la rivière,
Le comté voisin.
Ne désigne, certes non,
Cet endroit stratégique,
Le site historique,
Où le fjord est profond.

Mille alchimistes
En mots et en mystères
Vont nous concocter,
Du passé, du présent
Et de l'autre temps,
Autant de néologismes
Alambiqués...

Pourtant, à Paris, l'Hôtel-Dieu,
Depuis sept cent ans,
Inlassablement demeure
L'Hôtel-Dieu de Paris...

J'ose donc devant vous
Tendre encor le cou
Et noir sur blanc
L'écrire carrément.

Je mourrai coupable,
Gaulois et Marquis,
D'aimer un vocable,
De préférer Chicoutimi.

J'y risque le pire
Car il pourrait m'advenir
Ce qu'on fit récemment 
A certain historien,
Lapidé, guillotiné,,
Pour avoir opiné
Et désiré publiquement
Mourir chicoutimien.

Je n'eus pas vingt ans
Que je l'aimai follement.
Chicoutimi!
Elle était mon égide,
Elle fut mon égérie. 
Montagnaise,
Délurée,
Elle savait Verlaine,
Victor Hugo,
Maria Chapdeleine
Et maître Menaud.

Voilà!  Ma plume fébrile,
Ma plume meurtrie,
Ne cesse de gratter
Son indignation.
A temps prendre parti!
Sauver Rome, sauver Paris!
Garder à ce lieu son nom de jadis,
Son nom d'antan, celui que j'aime:
CHICOUTIMI.

Delhorno



SUR L'ACCENT

Lorsque loin du pays le coeur gros on s'enfuit
L'accent, mais c'est un peu le pays qui vous suit.
Mon accent, il faudrait l'écouter à genoux!
C'est un peu cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage.
Avoir l'accent, enfin, c'est chaque fois que l'on cause,
Parler de son pays...  en parlant d'autre chose.
Ne pas avoir d'accent, pour nous, c'est d'en avoir!

Miguel Zamucol

SAGUENAY

C'est un royaume
Le seul d'Amérique.
Il t'y faut venir
En été surtout
Et s'il se peut
En voiture d'eau.

Partir de Kébec,
De Baie Saint-Paul
Ou de Malbaie,
Sur la Clarisse
Ou la Saint-Irénée.
Car c'est ainsi
Qu'arrivèrent 
Les premiers.

Passer la Pointe aux Alouettes
Et tout de suite
Virer à babord.
Cette «eau qui sort»
Donna son nom
A la rivière
Et au royaume:
SAGUENAY!

Naviguer ensuite
Le fjord
Contre courant
Sur vingt lieues,
Jusqu'où c'est profond:
CHICOUTIMI.
C'est le nom du lieu.
Tu sauras alors
Notre fierté.

Pousser à l'ouest
Davantage,
Ce «lac peu profond»,
PIEKOUAGAMI.
C'est son vrai nom,
Celui que lui donnèrent
Ceux de MASHTEUIATSH.

Passer devant TIKUAPE
Et voguer vers le nord,
Là-bas, cette rivière:
PERIBONKA.
Oui! LOUIS HÉMON
ÉVA BOUCHARD
SAMUEL BÉDARD
Et MARIA CHAPDELEINE.

«Nous sommes venus
Il y a trois cents ans
Et nous sommes restés...»

Quand,
Sur la Racine,
Du quatrième,
Tu me verras,
Vers TADOUSSAC,
Ou bien CHIBOUGAMAU,
Porter ce regard altier,
Sache que
Naître en SAGUENAY
C'est y mourir
Aussi.

Delhorno

mardi 25 septembre 2012

L'HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES

«Pour que le caractère d'un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années.  Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l'idée qui la dirige est d'une générosité sans exemple, s'il est absolument certain qu'elle n'a cherché de récompense nulle part et qu'au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d'erreurs, devant un caractère inoubliable.»

JEAN GIONO

DE JACQUES ET JEAN-PAUL TREMBLAY

Je ne voulais pas venir ni monter sur cette estrade sans être accompagné, grâce à la magie du souvenir et de la pensée, de deux vieux amis.

Le premier se nommait l'abbé Jacques Tremblay.  Il fut mon professeur de littérature française et québécoise.  Je lui dois d'avoir aimé Félix-Antoine Savard, Louis Hémon, Victor Hugo, le frère Untel et la langue française.  Peu avant sa mort il me fit l'honneur de me faire lire ses écrits de retraité.

Le second s'appelait l'abbé Jean-Paul Tremblay ou, nom de plume, Paul Médéric.  Il me demanda de préfacer son livre LOISIR ET LOISIRS en 1965.  Il me présenta Aristote, les Sophistes, Thomas d'Aquin, Gabriel Marcel et bien d'autres.

Quand j'eus 17, 18 et 20 ans, ces deux géants me permirent de grimper sur leurs épaules «pour voir un peu plus loin...»  Je ne l'ai jamais oublié.

Ironie du sort, je ne me souviens plus de l'endroit où j'ai prononcé ce discours...

Delhorno


























L’abbé Jean-Paul-Médéric Tremblay (1918-1999). Historien et philosophe

L’abbé Jean-Paul-Médéric Tremblay est un philosophe et un historien régional qui laisse une oeuvre intellectuelle qui constitue un héritage important pour l’ensemble des Charlevoisiens.
“ Ce que j’ai fait, je l’ai entrepris parce que j’aimais cela. Je n’ai pas eu de permission à demander. Si mon exemple incite à enclencher un mouvement, tant mieux. Je suis conscient d’avoir mené dans Charlevoix une action qui peut avoir des suites ”
(Jean-Paul-Médéric Tremblay . Extrait d’une entrevue datant de 1984)

L’abbé Jean-Paul-Médéric Tremblay est né à Baie-Saint-Paul en 1918. Son père, Médéric Tremblay, est marchand général sur la rue Saint-Joseph à Baie-Saint-Paul. L’abbé Tremblay rend hommage à son père en signant plusieurs de ses ouvrages du nom de Paul Médéric ou encore sous le nom de Jean-Paul-Médéric Tremblay.

Jean-Paul-Médéric Tremblay
Jean-Paul-Médéric Tremblay
Crédit : Société d'histoire de Charlevoix
Baie-Saint-Paul []
Le jeune Jean-Paul Tremblay entreprend des études classiques au Petit Séminaire de Chicoutimi en 1934. Il entre au Grand Séminaire de Chicoutimi en 1940. Il est ordonné prêtre en 1944, à l’âge de 26 ans. Dès lors, il entreprend une carrière dans l’enseignement qui se poursuit près de 40 ans. Il est professeur au Petit Séminaire de Chicoutimi de 1944 à 1967, puis au Collège de Sainte-Foy de 1967 à 1976 et au Campus Notre-Dame-de-Foy de Cap-Rouge de 1976 à 1983.

Très actif auprès des mouvements de jeunes, il agit en tant qu’animateur des Équipiers de Saint-Michel fondé en 1942 et à Coeur-Joie-en-Montagne (le Balcon Vert de Baie-Saint-Paul) à partir de 1948. Directeur et aumônier du cercle local de l’association de jeunesse canadienne-française (A.J.C.), directeur-fondateur de l’Institut Albert-Thomas (1958-1965), directeur de la Société d’études et de conférences pour les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean de 1959 à 1967, l’abbé Tremblay s’impose aussi dans le domaine du loisir à titre de membre de la commission permanente de la Pastorale du loisir en 1965 et aussi du Comité d’étude sur l’éducation physique, les loisirs et les sports de 1961 à 1963. Jean-Paul-Médéric Tremblay est aussi un membre-fondateur de la Société d’histoire de Charlevoix en 1984, en plus de s’intéresser à une association de généalogie regroupant les familles Tremblay.

Auteur de 18 livres publiés et aussi auteur de nombreux articles, l’abbé Jean-Paul-Médéric-Tremblay est un écrivain chevronné. S’il publie des ouvrages spécialisés sur le loisir ou encore des oeuvres dont la portée est philosophique et chrétienne, la majorité de ses titres traitent de l’histoire régionale de Charlevoix. Il importe en ce domaine de signaler sa trilogie comprenant les ouvrages Les Seigneurs du Gouffre, Messieurs du Séminaire, Tout un été de guerre. Ces livres présentent l’histoire de Baie-Saint-Paul de 1534 à 1780. L’abbé Tremblay publie aussi une somme monumentale sur l’histoire de la famille Tremblay intitulée La Tremblaye millénaire (deux tomes) 

Homme d’idées et de projets, l’abbé Jean-Paul-Médéric Tremblay est considéré comme un précurseur dans le domaine des loisirs et aussi comme un pionnier dans la recherche concernant l’histoire régionale de Charlevoix. En 1989, il reçoit le titre de Grand de Charlevoix, un honneur qui le touche particulièrement. L’abbé Tremblay meurt en mai 1999, après une longue et fructueuse carrière. Dès 2000, une plaque commémorative en son honneur est apposée à la Bibliothèque René-Richard de Baie-Saint-Paul. La même année, un numéro complet de la Revue d’histoire de Charlevoix est consacré à son oeuvre. Il importe de conserver le souvenir de l’abbé Jean-Paul-Médéric et des retombées de ses diverses actions.

Serge Gauthier. Historien et ethnologue. Président de la Société d’histoire de Charlevoix. Notre-Dame-des-Monts. 4 octobre 2002.


Bibliographie :

Gauthier, Serge. “ L’abbé Jean-Paul-Médéric Tremblay ”, Charlevoix, 9(décembre 1989): 17
Voir aussi: “ Jean-Paul-Médéric Tremblay pionnier de l’histoire de Charlevoix ”, Saguenayensia, 26, 2 (avril-juin 1984): 30-32.

Afin de retrouver toute la bibliographie des ouvrages de l’abbé Jean-Paul-Médéric Tremblay et aussi pour connaître son oeuvre il faut consulter:

Revue d’histoire de Charlevoix. Hommage à l’abbé Jean-Paul-Tremblay, 33 (avril 2000). 24 pages. 

DESCONOCIDO

83695
Guy Gilbert devint mon patient.
L'ai opéré hier d'une néoplasie
Et lui fis une proctectomie
Qui se déroula sans incident.

Il se trouve, je ne puis le taire,
Qu'il avait espéré six mois
Un examen sur-nécessaire.
Un test de premier choix.

Cette urgente colposcopie,
Il ne put la subir que la semaine passée.
Retard incroyable: une demi-année.
Peut-on parler d'une infâmie?

En mai, Guy avait rappliqué,
Verbalisant son inquiétude,
S'étonnant, désemparé,
Du peu de sollicitude.

Rien n'y fit.
Il reçut la ration
Du trop-petit.
Celle du troufion.

Les dieux sauront-ils compenser
L'atermoiement thérapeutique?
Esculape, dans sa grande bonté,
Secourt-il le négligé politique?

Jusques-à quand,
Camarade-fonctionnaire,
Mon coeur insolent,
Ma plume égalitaire,
Doivent-ils stigmatiser
L'humiliation?

Jusques-à quand
Ô DSP, ô mon frère,
Leur faudra-t-il celer
Leur indignation?

Delhorno

lundi 24 septembre 2012

JÉRÔME GAUTHIER

Cette histoire est fabuleuse.
Laisse-moi, 
Gibus,
 Mon ami,
A grands traits
Te la brosser.
Car seul je demeure
A pouvoir témoigner.

Il venait à peine
D'avoir vingt ans
Que sa vie achevait.
Assailli sauvagement
Par un sarcome ravageur.
Alité, oui, 
Et mourant,
A peine vingt années. 

On avait tout tenté.
Radiothérapie.
Chimiothérapie.
Hyperalimentation.
Sans succès.

Nous fûmes trois:
Carrier, 
Letellier, 
Dufour.
Nous tentâmes.
Nous extirpâmes.

Ce ne fut pas très sophistiqué...
HÉMIPELVECTOMIE.
Ablation de la moité du bassin
Et de tout le membre inférieur droit.
Mais c'était tout 
Ce que nous pouvions offrir.
C'était tout ce qui pouvait s'offrir.
C'était il y a trente ans.

Dès lors, 
Et dès après,
Il put marcher,
Déambuler,
Courir même
Dans Chicoutimi.
Une jambe,
Une béquille.
Gagner sa vie 
A tout faire
Et, au fil du temps,
Faire n'importe quoi.

Je l'avais oublié.

Il me revient ce soir
Et j'en suis trop ému.
Il saigne sans cesse
De son gros intestin.
Colite ulcéreuse?
Ou granulomateuse?
Qui sait...
Il vient tout juste de resaigner.
Du sang rouge-clair.
Transanalement.
Mais sans syncope,
Sans défaillir.
Il a vomi hier
Et n'a pu remanger.

D'où saigne-t-il?
De son colon?
Ou de son estomac?
Je le saurai, Gibus,
Et te le dirai.

(C'était une colite granulomateuse.
Deux semaines plus tard,
Je dus lui faire une colectomie totale
Et une protectomie.
Ainsi qu'une iléostomie)

Saint-Vallièrement,
Dufour

mardi 11 septembre 2012

DU LATIN «MANERE», i.e «rester»

-Docteur Delhorno, on vous demande à l'urgence.
-Donnez-les moi!
-Bonjour, c'est Sylvie.  J'ai un homme de quarante-cinq ans avec une appendicite aiguë.
-As-tu fait une tomographie axiale?
-Oui, j'ai le rapport qui confirme l'appendicite.
-J'arrive!
-Il y a un petit problème: le gars vient de manger!
-Zut!

Le temps de m'habiller, de démarrer ma Chrysler Sebring, j'arrive dans le stationnement de l'hôpital. 




 J'essaie de me parquer le plus loin possible, histoire de brûler quelques calories supplémentaires en marchant davantage.

-Où se trouve le gars de quarante-cinq ans avec une appendicite?

-Lit numéro six.

Il parlait français avec un accent du vieux pays.  Ça lui faisait mal au point de McBurney.  McBurney?  Ce chirurgien américain du Massachusetts auquel nous devons la description du point de douleur maximale dans l'appendicite aiguë.  Fin du XIXe, début du XXe siècle.

-Antoine, vous souffrez d'une appendicite aiguë.  Votre appendice est gonflé, comme si un lombric avait avalé une grenouille.  Je vous recommande l'opération.  Étant donné que vous venez tout juste de manger, nous ne pourrons procéder que dans six heures.  L'intervention sera faite par laparoscopie, c'est-à-dire à l'aide de quatre petits trous dans le ventre.  En passant, où êtes-vous né, Antoine?
-Je suis Breton, natif de Brest.  Par contre, je demeure pas très loin de Poitiers maintenant.

Je l'opérai à vingt-et-une heures.  Sans incident.  Le lendemain, il retournait chez lui.

Mon point?  Son utilisation d'un adjectif que je n'avais jamais entendu dans ma vie jusqu'à sa venue à l'urgence de l'hôpital de Campbellton:  rémanentes.  Sur-le-champ, des souvenirs se mirent à clignoter dans mon cerveau quasi septuagénaire:  «remain, remaining, permanent, verba volant scripta manent, le frère Raymond, Eléments latins, Collège Saint-Edouard, Port-Alfred, 1957.

Lors de mon questionnaire à son chevet, Antoine, décrivant le mal qui l'avait assailli, ajouta presque subliminalement que le dimanche, c'est-à-dire la veille de sa venue à l'urgence, il avait ressenti «des douleurs rémanentes».  Quel plaisir, quelle surprise d'entendre ce vocable nouveau!  Aussitôt retourné au poste infirmier, je trouvai un Petit Robert et cherchai confirmation de mon intuition: rémanent, du latin remanens, participe présent de remanere, «persister», «subsister».  Donc, des douleurs «persistantes».

Le lendemain de l'intervention, je m'enquis de son utilisation de l'adjectif en cause.  Je lui avouai mon ignorance de ce vocable qui m'avait semblé sortir de sa bouche  comme s'il avait fait partie de son être depuis toujours.  Il baissa les paupières, intimidé. 
-J'ai aimé la langue française toute ma vie. 

Il n'était pas le pauvre diable de l'Hexagone arrivé à Charlo en Acadie faute de mieux...  Voyageur de commerce cette dernière décade, il s'était adonné à l'apiculture par loisir.  Une agente d'immigration du Nouveau-Brunswick, de passage à Poitiers, lui avait confié connaître quelqu'un à Charlo qui avait besoin d'un apiculteur. «Il ne faut pas refuser l'insolite lorsqu'il se présente» aurait sans doute répondu Agatha Christie.  De fil en aiguille, Antoine s'était retrouvé à Charlo, apiculteur.  Sa logeuse l'avait amené à l'hôpital.  Il adorait la parlure acadienne, laquelle lui faisait retrouver des expressions marines des XVe et XVIe siècles, expressions qui n'avaient plus cours en France, sauf en Bretagne, possiblement.  De plus, sa venue en Acadie lui permettait d'oeuvrer comme apiculteur, ce que la France «psycho-crispée» lui refusait. J'aurais voulu lui parler des abeilles, de leur taux de mortalité, de Virgile, de pollinisation...  Le temps manquait.

Sais-tu, Gibus, durant toute cette affaire, j'ai pensé à Louis Hémon.  Je me suis demandé si cet Antoine amoureux du français et de l'Acadie ne serait pas notre prochain Louis Hémon...  Il est encore permis de rêver, n'est-ce pas?

Delhorno