mardi 21 février 2012

VOUS CHERCHEZ DES SESTERCES?

Cette année-là, néoquinquagénaire, j'avais conclu qu'était arrivé le temps  de concrétiser mes rêves de voyage.

Une patiente.  Ils venaient de passer les Fêtes à Campagnan, un village du Midi situé tout près de Pézenas, la ville de Molière.  Ils s'y étaient acheté une maison,  Place de La Fontaine.  J'offris de la louer, si c'était possible...  Elle me répondit que oui.

Air Royal, qui n'existe plus, Montréal-Toulouse.  L'autoroute sur Narbonne, puis la Languedocienne en direction de Montpellier.  Sortie à Pézenas.  Une route de campagne ensuite.  Premier contact à vie avec les chemins bordés de platanes.  Là, tourner à droite, Campagnan est au bout du chemin.

Une grande et grosse maison.  Trois étages.  Plusieurs chambres à coucher.  Nous ferions, à partir de là, des sauts de puce quotidiens. 

Un beau dimanche matin.  Direction: la Camargue, un espoir que m'avait légué Paris-Match trente ans plus tôt, avec de grosses images en couleurs, des chevaux, des étangs, des vols d'oiseaux , un pays plat.  Nous roulions donc vers le Sud, regardant à droite et à gauche.  

Là!  Sur la gauche!  Un centre d'équitation. Ils offrent une promenade d'une heure dans le vrai pays.  Pourquoi pas?  Nous voilà partis donc.  Cinq cavaliers, sans compter le guide.  L'une d'entre nous détellera au moment de partir.  Les chevaux sont paisibles.  Beau soleil.  Nous longeons des étangs, des tranchées de drainage, des pâturages.  Le guide est peu loquace, mais qu'importe. 

C'est arrivé un peu sournoisement, sans la moindre attente.  Nous avons débouché sur un chemin de terre qui s'étirait d'est en ouest.  Le guide tourna vers l'ouest et nous suivîmes docilement.  Une centaine de mètres et cette affiche: «VOUS ETES SUR LA VIA DOMITIA».  Je n'en crus pas mes yeux!  Une quelconque balade à cheval en compagnie d'un quelconque guide camarguais et nous voici sur un chemin millénaire qui a vu des légions romaines marcher vers l'Espagne.  Mon imaginaire n'en finissait plus de me montrer les images les plus disparates. 

C'est à ce moment précis que mon regard myope l'aperçut,  une quinzaine de mètres en avant.  Elle animait à quelques centimètres au-dessus du sol ce que je crus être un détecteur de métal.  Une unique question me vint à l'esprit, qu'arrivé à sa hauteur je lui posai :
-Vous cherchez des sesterces?
-Oui.

Delhorno