mardi 18 décembre 2012

HISTOIRE DE BOTTES DE BEU

Célébrons ce soir le retour chez les vivants de Grise-Mine, mi computadora querida. Une transplantation de carte-maîtresse l'a ressuscitée.  Une affaire de moins de deux heures, sous l'égide des techniciens Apple, rue Ste-Catherine.  «La compétence coûte cher, mais l'incompétence coûte encore plus cher.»  J'ai passé proche d'y goûter...  Selon le technicien d'une petite boîte de la rue Jean-Talon, l'affaire ne pouvait être réglée avant quelques semaines! 

Rue Ste-Catherine...  L'artère célèbre fourmillait de Roseaux-Pensants, des jeunes en majorité.  Peu de cheveux gris.  Mon regard absent a été distrait par la mode nouvelle.  Les Montréalaises futées, et quelques Montréalais aussi! portent des «bottes de beu», celles des bûcherons, draveurs et cultivateurs des années cinquante.  Mutt en mettait pour aller chasser.  Vous savez, ces bottes à deux étages, celui du haut en cuir, celui du bas en caoutchouc.  Longuement lacées sur le devant.  C'est la grande mode!  Sorel va faire un coup d'argent avec ça.  Allez voir les bottes sur le site internet.  Je vous souligne que DD a été un précurseur dans ce cas.  Il y a des années qu'il se pavane l'hiver avec des bottes Sorel.

Je raconte tout ça pour rappeler que la mode est un pendule qui balance entre les générations.  Les Montréalaises que j'ai vues sont trop jeunes pour savoir que bûcherons et draveurs des années quarante et cinquante portaient ces bottes à l'ouvrage.  Moi, à voir leurs bottes, je me suis aussitôt souvenu d'un écolier que j'ai eu dans ma classe au début des années cinquante.  Un dénommé Bacon, dont j'ai oublié le prénom.  Dès les premières neiges, il arrivait à l'école vêtu de culottes «Peg Top» et de bottes de beu.  Le seul de son espèce.  Un déviant qui ne put jamais s'habituer à l'école et que celle-ci ne put jamais apprivoiser.  Il fut perdu de vue.  Des années plus tard, j'apprendrais que plusieurs Bacons ont du Montagnais dans le casque, ce qui sans doute pourrait expliquer l'allergie à l'école des Blancs.
Cet après-midi donc, regardant marcher ces bottes-lumberjack dans les grand magasins de la Ste-Cath, je ne pouvais réprimer un certain sourire, à la pensée qu'aucune fille des années cinquante et soixante ne se serait hasardée à déambuler dans un tel appareillage...

Bonne semaine à chacun, donc.

PS:  Il s'appelait André Bacon

Delhorno