Ça m'a fait penser qu'il n'y a pas longtemps que je me suis réveillé, pour ce qui touche les abeilles... Grâce à «LA SEMAINE VERTE» surtout, mais aussi grâce à quelques lectures ça et là. Les immenses champs de bleuets du Lac St-Jean, tu connais Gibus? Eh bien! Ils produisent leurs tonnes de myrtilles grâce à la pollinisation des abeilles. L'article de La Presse en remet: plus de 70 des 100 espèces végétales qui fournissent 90% de la nourriture dans le monde sont fécondées grâce aux abeilles, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Voilà!
Un autre souvenir... Début des années cinquante, Cinquième Avenue, Port-Alfred. Un de nos loisirs, c'était de capturer des taons et des abeilles dans des bocaux de verre. Nous percions des trous dans le couvercle de métal pour leur permettre de respirer. Quelquefois, nous ajoutions des pissenlits dans leur prison dans la pensée que pourraient se nourrir un peu ces amis de Virgile:
«D'ailleurs, quand le soleil d'or a mis l'hiver en fuite et l'a relégué sous la terre, quand le ciel s'est rouvert à l'été lumineux, aussitôt les abeilles parcourent les fourrés et les bois, butinent les fleurs vermeilles, et effleurent, légères, la surface des cours d'eau.
Le soir venu, nous oubliions les pots sur la galerie de la maison pour constater le lendemain les décès catastrophiques de nos prisonnières. Bien des années plus tard, et bien des années trop tard, je me suis mis à lire La Fontaine: LES DEUX PIGEONS. Je te copie, Gibus, ce bout de fable que je n'ai plus jamais oublié.
Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié Prit sa fronde, et, du coup, tua plus d'à moitié La Volatile (10) malheureuse, Qui, maudissant sa curiosité, Traînant l'aile et tirant le pié, Demi-morte et demi-boiteuse, Droit au logis s'en retourna : Que bien, que mal elle arriva Sans autre aventure fâcheuse.
Vrai que cet âge est sans pitié. Des centaines d'abeilles des années cinquante sont disparues de l'air baieriverain par notre action friponne.
Finalement et entre nous, mon cher Gibus, mon émerveillement devant le monde des abeilles ne manque jamais de me rappeler ces lignes fameuses de Jean-Marie Arouet, dit Voltaire:
«L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger.»
Delhorno
Un autre souvenir... Début des années cinquante, Cinquième Avenue, Port-Alfred. Un de nos loisirs, c'était de capturer des taons et des abeilles dans des bocaux de verre. Nous percions des trous dans le couvercle de métal pour leur permettre de respirer. Quelquefois, nous ajoutions des pissenlits dans leur prison dans la pensée que pourraient se nourrir un peu ces amis de Virgile:
«D'ailleurs, quand le soleil d'or a mis l'hiver en fuite et l'a relégué sous la terre, quand le ciel s'est rouvert à l'été lumineux, aussitôt les abeilles parcourent les fourrés et les bois, butinent les fleurs vermeilles, et effleurent, légères, la surface des cours d'eau.
Transportées alors de je ne sais quelle douceur de vivre, elles choyent leurs couvées et leurs nids; elles façonnent alors avec art la cire nouvelle et composent un miel consistant.
Plus tard, quand tu verras en levant les yeux l'essaim sorti de la ruche nager dans le limpide azur vers les astres du ciel, [4,60] et que, étonné, tu l'apercevras qui flotte au gré du vent comme une nuée sombre, suis-le des yeux : toujours il va chercher des eaux douces et des toits de feuillages. Répands, dans ces lieux, les senteurs que je préconise : la mélisse broyée et l'herbe commune de la cérinthe; fais-y retentir l'airain et agite à l'entour les cymbales de la Mère. D'elles-mêmes, les abeilles se poseront aux emplacements ainsi préparés; d'elles-mêmes, elles s'enfermeront, suivant leur habitude, dans leur nouveau berceau.» Les Géorgiques.Le soir venu, nous oubliions les pots sur la galerie de la maison pour constater le lendemain les décès catastrophiques de nos prisonnières. Bien des années plus tard, et bien des années trop tard, je me suis mis à lire La Fontaine: LES DEUX PIGEONS. Je te copie, Gibus, ce bout de fable que je n'ai plus jamais oublié.
Vrai que cet âge est sans pitié. Des centaines d'abeilles des années cinquante sont disparues de l'air baieriverain par notre action friponne.
Finalement et entre nous, mon cher Gibus, mon émerveillement devant le monde des abeilles ne manque jamais de me rappeler ces lignes fameuses de Jean-Marie Arouet, dit Voltaire:
«L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger.»
Delhorno