dimanche 30 mars 2014

LE PALESTINIEN

Ces années-là, le chirurgien général le mieux rémunéré au Québec travaillait dans les hôpitaux pédiâtriques de Montréal. Entendre qu'il opérait des enfants.

Nous fûmes médusés quand nous vîmes les statistiques annuelles qui venaient de nous arriver de la RAMQ. Car les chirurgiens pédiâtriques québécois manquaient d'ouvrage et constiuaient comme groupe les "enfants pauvres" de notre syndicat. La clientèle des enfants diminuait d'année en année, au fil de la natalité de la décade antérieure,  et les salaires de leurs chirurgiens attitrés se chiffraient en deçà de la moyenne de leurs pairs, c'est-à-dire les chirurgiens généraux du Québec.

Il était Palestinien. Caractère exécrable. Il avait été mon professeur lors de mon stage de résidence à Sainte-Justine. Je l'avais détesté. Incapable de douceur, d'encouragement, d'une parole aimable. Rien, en tout cas. pour me faire aimer les Palestiniens.

Le revoilà, donc, vingt ans plus tard, "roi" de la rémunération au Québec, toutes classes de chirurgiens généraux confondues. Comment pouvait-il? Comment avait-il pu? Nous notâmes qu'il n'opérait pas tant que ça... En fait, le nombre de ses actes chirurgicaux n'atteignait pas le médiane de ses pairs. C'est alors que nous apparut son astuce! Il avait redécouvert le miracle de la multiplication des pains... Il avait centuplé les visites hospitalières, ce que personne ne pouvait vérifier, pas même la RAMQ! Il aurait fallu en effet engager à plein temps un chirurgien qui vérifiât chaque dossier, qui cherchât la p preuve de chaque visite, qui corroborât le bien-fondé de chaque examen. Travail de moine trappiste qui eût coûté une petite fortune en sus de celle que s'était adjugé le lointain descendant d'Abraham, de Noé, de David et de Salomon.

Nous avions donc affaire à un spécialiste de la manigance. Chaque petit patient qui se présentait à Ste-Justine sous son égide se voyait visité par notre homme quatre, cinq, six, dix et douze fois par jour! Quand on dit que la réalité dépasse la fiction! Chaque visite en elle-même ne coûtait que quelques malheureux dollars à l'Etat. Mais "I-LIME SA LAME" facturait des milliers de visites en un an...

Nous délibérâmes. Le consensus s'établit à l'effet d'imposer à nos syndiqués une "casquette salariale" -directement de l'anglais «salary cap»- sur les visites, tant extra qu'intrahospitalières. 150,000.00$, si je me souviens bien. Le pote de Yasser Arafat se garda bien de publiciser son mécontentement... Avait trop à cacher.

S'il me restait quelques couches de naïveté et de candeur quant à la médecine, son exercice et les médecins, je les perdis alors. Goutte qui fit déborder le vase! La classe médicale, admirable dans son ensemble, cache dans ses entrailles un pourcentage d'individus méprisables et dégoûtants.

Delhorno

samedi 22 février 2014

CARPE DIEM

Jean-Marc Maltais est mort hier à Waterloo, en Estrie. Quelle triste fin pour un Saguenéen. Ne même pas mourir sur la terre qui t'a vu naître. Il semblerait que Maltais possédait à Waterloo une franchise des restaurants «East Side Mario's». La famille remerciant le service de neuro-chirurgie de l'Hôpital Notre-Dame, je me crois permis de postuler une pathologie cérébrale, néoplasique ou vasculaire.

Pourquoi, Gibus, te parlai-je de Maltais? Parce que je l'ai brièvement connu, quand j'ai recommencé à jouer au golf au Club de Chicoutimi. N'ai jamais réellement su qui il était, ce qu'il faisait, ce qu'il valait. Il fut perdu de vue... Et, à ma connaissance, nul golfeur n'en refît mention. Le voilà qui resurgit dans la nécrologie du Quotidien, le même regard perçcant, tout à fait le même qu'il y a un quart de siècle.

Où sera-t-il enterré?

lundi 17 février 2014

mardi 11 février 2014

HISTOIRE DE VEAUX

Je sirotais une Presidente sur la butte dite «à Jean-Rock» quand il arriva. Il ne m'était pas inconnu. Un jeune quadragénaire père de trois enfants, mariée à une institutrice

LE RATON-LAVEUR ET LE DENTIER


L'anecdote me fut rapportée par son protagoniste principal dont je cacherai le nom dans le fourmillement de ce texte.  Un fait vécu pourtant, que je vous relaterai avec force détails. Une aventure rabelaisienne... Je doute pouvoir y mettre la verve du père de Gargantua, mais, bon! j'essaierai.

Il avait découvert la motocyclette à soixante ans! Allez donc savoir pourquoi et comment un sexagénaire oublié se métamorphose en motocycliste... Il passait ses hivers entre Sosua et Cabarete, en République Dominicaine. Ses amis faisaient de la moto. Il est beaucoup plus facile, Gibus, Macpherson, de s'inventer motocycliste là-bas... Pas besoin de cours, pas besoin de casque, frais minimes. C'est ainsi que tout s'articula. Pour devenir un mode de vie. Deux motos en République, une moto au Québec. L'essentiel de la vie tourne autour du bicycle à gaz: l'épicerie, le dentiste, la "ferreteria", les soupers en ville, les virées d'un bout à l'autre d'Hispanola, de Pueto Plata à Santo Domingo, de Monte Cristi à La Samana.

Cette année-là, à son retour au Québec, après quelques semaines de "relâche", il décida de réaliser un grand coup: un périple à moto de quelques milliers de kilomètres qui l'amènerait de Montréal à Vancouver, de Vancouver à San Diego, une saucette au Mexique, le retour à travers le MidWest jusqu'à Montréal.

Sa copine l'accompagnerait: la compagne idéale, celle qu'il avait cherché des années, sans jamais la trouver. A sa moto était attachée une tente-roulotte articulable et désarticulable, qui intégrait une cuisinette avec table et compartiments.

Ils achevaient leur périple. Avaient fait relâche un peut partout dans les campings de l'oncle Sam et tout avait roulé sur des roulettes, tout avait baigné dans l'huile.

Ce soir-là, ils rentraient à Montréal. Venaient tout juste de passer la frontière ontarienne. Il avait planifié d'aller coucher chez son garçon à Laval. Il pensait pouvoir y arriver en moins d'une demi-heure. Mais voilà! elle était fatiguée et suggérait qu'on s'arrêtât tout de suite. Il obtempéra. Il connaissait, tout près de Rigaud, la «Cadillac» des terrains de camping: c'était tout près. Ils y furent en quelques minutes. 

Les voici donc arrivés. Le rituel d'installation s'amorce. La tente est prestement déployée, la cuisinette et la petite table étalées, le bicycle est remisé un peu plus loin, la nuit s'annonce déjà, insidieuse; le souper sera frugal,  les provisions étant ténues, en cette fin de voyage. Ce sera un sandwich au jambon, car il reste une belle miche de pain et quelques tranches de jambon. Tout cela s'exécute doucement, tendrement: c'est un voyage inoubliable et sans anicroche qui s'achève. Les deux excursionnistes philosophent un peu, puis vient l'heure du dodo.

Ils s'introduisent dans la petite tente, se glissent dans leurs sacs de couchage. Elle s'endort aussitôt. Lui, il se met à réfléchir encore, -il aura réfléchi toute sa vie- et finalement sombre dans les bras de Morphée. Il doit être neuf heures ou neuf heures et demie.

Bing! Bang! Kriche! Kruche! Ils se réveillent en sursaut. On s'active sur la petite table à manger! Ce doit être un raton-laveur, pense aussitôt le motocycliste; il se souvient que les autorités gouvernementales avaient annoncé le lâcher de biscuits empoisonnés sur la région, quelques semaines plus tôt, en raison d'un épidémie de rage chez les raton-laveurs. Il allume sa lampe de poche. C'est bien ça, un raccoon! Il le voit s'enfuir avec le reste de la miche de pain, le salaud. Ils se rendorment, bercés par la pensée qu'ayant bien soupé, Maître Raton s'en ira dormir.

Mais non! Le polisson récidive cinq ou six fois au cours de l'heure suivante, s'invitant chaque fois avec le même tintamarre rocambolesque. Le scénario se répète comme dans une prise de vue qu'on recommence. L'intrus s'amène, le motocycliste sort en bobettes de son sac de couchage et allume sa lampe de poche. Maître Raccoon s'arrête de bouger, interdit, regarde Maître Moto à travers ses besicles de poil, et semble lui susurrer en ricanant:
-Laisse-moi donc tranquille, espèce de Tout-Nu!
Ce n'est qu'après quelques secondes d'hésitation que Maître Raccoon se décide à mettre fin à son effraction et à se sauver vers les bois.

Aux alentours de minuit, ils sont réveillés à nouveau par un vacarme inédit.  Le motocycliste sort aussitôt de la tente et crie aussitôt à la motocycliste:
-Bonyeu de Sorel, l'animal a renversé le bol où se trouvait mon dentier et il se sauve mon dentier dans sa gueule!
La motocycliste veut mourir de rire; lui, il est en beau maudit!  Un dentier, c'est au moins mille piastres!

Le restant de la nuit






























































VITALITÉ XVII:QUATRE CAS LE MÊME JOUR

Les chirurgiens d'aujourd'hui n'ont plus grand mérite...

J'ai bien connu ce temps des années soixante-dix quand la main du chirurgien dictait
Michaud, le septuagénaire en cholécystite aigue.  Son fils: schizophrène
Michaud, le trentenaire en cholécystite aigue. Deux tentatives de suicide. Junkie.
Thibeault, trouble de personnalité, trou-de-cul trop serré.  Hémorroïdes.
la dame de 40 ans.  Attendait sa colposcopie depuis 4 jours.  Personne ne disait un mot!  Colite ulcéreuse?  Gros intestin normal d'un bout à l'autre

WOLFGANG AMADEUS MOZART

Une autre histoire triste, Gibus.  Je ne puis m'empêcher de te la raconter.

On m'avait confié, il y a de cela plus de vingt ans maintenant, une mission d'inspection professionnelle dans un hôpital que je ne situerai pas, par respect pour...  Il s'agissait d'évaluer la qualité de la pratique professionnelle des chirurgiens de la maison.  On avait préalablement sélectionné une centaine de dossiers recoupant divers aspects de la pratique: chirurgie colique, biliaire, mammaire, thyroïdienne, soins intensifs, complications, mortalité.  C'était une démarche standardisée, menée sous l'égide d'un organisme officiel.  Le troisième jour, sous l'égide de l'inspecteur principal, nous rédigions notre rapport lequel nous relayions ensuite aux autorités de l'hôpital et aux médecins concernés.

Je n'en étais pas à ma première inspection.  Mon regard fut tout de suite attiré par les dossiers de ce chirurgien.  Il avait enlevé un segment de colon sigmoïde en raison d'une diverticulose compliquée présumée alors que le rapport histopathologique n'indiquait aucune maladie diverticulaire.  Il avait opéré un patient pour reflux gastro-oesophagien avec hernie hiatale sans investigation préalable, sans qu'il y ait quelque évidence que ce soit de ces deux anomalies.